Page 64 - Epitre a la PRosperite (Alexandre Telfort)
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commence  toujours  avec  nous.  Nous  cherchons  du  travail,
        réclamons une bien meilleure éducation et posons le débat entre
        notre intégration et la révolution. On ne sait pas qui nous dirige :
        des américains, des sud-africains ou des haïtiens ? Peut-être vous
        le savez mais au moment où je vous parle, c’est un ambassadeur
        américain  qui  nous  a  fait  part  de  la  nationalité  de  notre
        président. Et ce n’est  qu’un début, voyez-vous, car la majorité de
        la progéniture de la classe moyenne de ma génération naissent
        en terre étrangère, « histoire de leur offrir une chance dans leur
        vie », se disent les parents. Et comble de l’ironie, peut-être qu’en
        votre temps, vous-même qui lisez ce passage, vos congénères  et
        vous avez tous  vu le jour en terre étrangère.

        La  terre  gagnée  avec  honneur  pour  notre  bonheur  n’est  plus
        digne pour voir naitre les descendants de Dessalines, de Capois,
        de  Christophe,  de  Pétion  (si  bien  sûr  ces  noms  vous  disent
        quelque  chose,  j’ai  vu  en  mon  temps  comment  on  a  voulu
        sacrifier les noms des héros de l’indépendance). J’ai considéré ce
        fait social juste pour exposer le plus brièvement possible l’état du
        pays de la liberté.





        EPITRE A LA POSTERITE, par Alexandre TELFORT Fils
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