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qui d'ailleurs ne lui avait rien fait, il a raccroché ses fusils pour toujours. Julien, le fils d'Annie, est un garçon charmant, j'ai mal au cou à le regarder, il est si grand qu'il a le dos courbé pour me cajoler; dans son appartement domine un immense canapé où il accepte toutes mes aises, aucunes barricades, je ne cite personne, suivez mon regard ... Quel dommage de ne pas le voir plus souvent mon "grand frère". Mes nuits dans mon panier sont calmes et reposantes avec la hâte cependant que le réveil sonne tous les matins à 5 heures. Corbi se lève et là tout devient merveilleux, Annie m'autorise une
fin de nuit bien au chaud sous la couette, je kiffe grave à rendre furieux le vieux aux cheveux blancs qui s'en va travailler frissonnant dans les premiers frimas automnals. "Allons courage, du courage mon bon maître lui dis-je l'air taquin ! "Dois- je avouer qu'il n'oublie jamais de me caresser affectueusement avant son départ, il embrasse éga- lement Annie avec tendresse, ce qui me ravit et me comble de bonheur. De temps en temps, Annie m'emmène voir sa maman dans le département de l'Aisne, la Mémé est folle de joie de me voir. Mémé est redoutable au scrabble, elle gagne très souvent ce
qui rend Annie furieuse, je ris doucement dans ma barbe naissante couleur fauve. En fin de journée nous repartons l'air triste sachant que la tendre Mémé a la larme à l'oeil de voir notre automobile s'éloigner de sa petite maison. Le voyage est confortable mais sans plus car sous prétexte que je ne tiens pas en place et par mesure de sécurité, An- nie m'enferme telle une matonne dans une cage avec des barreaux aciérés, un vérita- ble QHS pour teckel agité; je suis un peu exaspéré de voir ma maîtresse se transformer en geôlière, vivement que l'on arrive à " la Lozère " afin de me détendre dans le jardin. Chez nous, le potager en carrés est original, plusieurs parcelles de terre de formes di- verses sont entourées de poutres en bois; les allées s'entrecroisent et sont gravillon- nées d'une épaisse couche de pouzoulane de couleur ocre, autrefois on appelait cela " un jardin de curés ", ce qui peut paraître paradoxal chez Corbi, anticlérical comme il est, de le voir décalquer sur une conception des calotins. Annie a son petit coin avec
ses carrés divisés en plusieurs parties où elle cultive ses plantes aromatiques: l'aneth, le persil, la ciboulette, le romarin, etc... Un bouquet de senteurs embaume ce lieu magi- que. Nous sommes le 17 octobre, j'ai cinq mois aujourd'hui, j'atteins mes 4 kilogram- mes, mon tour de poitrine ne doit surtout pas dépasser les 30 centimètres pour rester un teckel nain; à mon premier anniversaire, je dois passer devant un juge expert de la société centrale canine pour la confirmation de mon pedigree. Annie m'administre mon vermifuge mensuel, ce truc me rend patraque, ma maîtresse est astucieuse, j'ai pi- gé la combine, elle glisse ce médicament dans un morceau de fromage afin que je l'en- gloutisse goulûment, je l'excuse car ma santé est essentielle à ses yeux. En ce moment le temps est très humide, au retour de mes promenades, je reviens trempé comme une
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