Page 13 - L’aventure, l’ennui, le sérieux V. Jankélévitch
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L’AVENTURE – V. JANKÉLÉVITCH 13
C’est celui-ci qui est la source d’inspiration du premier chapitre de l’essai de Jankélévitch, L’Aventure, l’Ennui, le Sérieux (1963), puisque Simmel avait lui-même écrit en 1911 un court texte sur l’Aventure 1 qui avait fait forte impres- sion sur Jankélévitch. Ce dernier fait souvent allusion à l’essai de Simmel, dans son chapitre sur « L’aventure », dont il est à la fois un commen- taire et une réappropriation. Distinguant trois types d’aventures qui répondent chacune à une caractéristique principale, Jankélévitch reprend la structure du propos de Simmel. Ce faisant, il conserve l’esprit d’ensemble de l’analyse mais en abandonne résolument la lettre. En vertu même de la philosophie du devenir qui est une philoso- phie en devenir, une constellation de pensées jumelles se rencontrent dans chaque style de pensée, celle de Simmel, celle de Bergson et celle de Jankélévitch, n’ôtant rien à leur spécificité irré- ductible.
Dans celle de Jankélévitch, derrière Simmel, on trouve par ailleurs Nietzsche et Bergson. Le propos de Jankélévitch n’est pas une redite, mais
tous trouvent un écho chez lui (notamment l’ennui, l’angoisse, le sérieux, la mort, l’amour, l’individu, l’alterna- tive, l’humour et l’ironie).
1. Ce texte, « La philosophie de l’aventure » (trad. J.-L. Vieillard-Baron, Payot, 2004), a d’abord été traduit dans les Mélanges de philosophie relativiste (Paris, Alcan, 1912).