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Sciences et études
Protéger les océans:
les aires marines protégées font-elles bon ménage avec les plongeurs?
Texte:
Lyne Morissette, Ph. D.
Photos :
Jérémie Janisson, Projet Littora et SNAP Québec
Outre leur capacité à protéger les habitats et les espèces, les aires marines protégées (AMP) sont des outils majeurs en conservation, car elles permettent aussi d’atténuer l’impact des changements globaux et fournissent des services écologiques notoires.
’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) décrit les AMP comme des espaces marins clairement reconnus et gérés pour assurer leur conservation.
Un des arguments souvent utilisés pour protéger un secteur marin est la valeur des produits et services
que les écosystèmes nous procurent. On parle ici d’apport en protéines, de potentiel médical ou d’inspiration que nous procurent les océans, mais ces écosystèmes sont aussi la base d’une activité récréotouristique majeure, au Québec comme partout dans le monde. Selon une récente étude, des océans en santé vaudraient plus de 24 billions de dollars par année1. Chez nous, les croisières, la pêche récréative et le tourisme côtier à eux seuls génèrent près de 800 millions de dollars par année dans l’ensemble du Saint-Laurent2.
Suivant cette idée, on voit pousser, de par nos océans, des zones de protection marine, des aires nationales de conservation ainsi que des réserves aquatiques ou sanctuaires. Selon le Plan straté- gique pour la diversité biologique 2011-2020, les pays signataires des Objectifs d’Aichi protégeront 10 % de leur territoire marin d’ici 2020. Malheureu- sement, au Québec – et le scénario est similaire pour le Canada –, à l’heure actuelle, moins de 1,5 % du territoire marin est actuellement protégé. Et l’échéancier est dans trois ans...
Plonger et reconnecter à la mer : à quel prix?
L’intérêt des plongeurs envers les AMP est gran- dissant. On y retrouve, à force de protection, une biodiversité impressionnante et des espèces sou-
vent plus rares. Lorsqu’on a la chance d’y accéder, ces endroits deviennent de véritables coffres aux trésors pour l’imaginaire et les photos-souvenirs. Cependant, notre impact sur les organismes et communautés marins les plus vulnérables prend aussi de l’importance. Même si les AMP doivent par dé nition protéger les écosystèmes des effets néfastes des humains qui y accèdent, il nous faut aussi maintenir ce degré de connexion à la mer pour rester réceptifs à son avenir.
Alors que le tourisme maritime et la plongée proposent une manière intéressante de « mieux connaître pour mieux protéger », comme le disait Cousteau, qui nous a tous fascinés par ses images, ces activités de découverte comportent aussi des risques. Même s’il est vrai que Cousteau nous a probablement fait découvrir les richesses de la Grande Bleue et a ainsi forgé le devoir de protéger ce joyau, « aller voir » de quelque manière que ce soit constitue tout de même une intrusion dont nous devons réduire les effets néfastes à un minimum. Ancrage des bateaux, bruit, pollution par les moteurs, comportement des plongeurs, collecte de spécimens et déchets ne sont que quelques exemples des traces que nous, les plon- geurs, laissons sur notre passage en explorant la Grande Bleue.
Plonger pour protéger : pratiques écoresponsables
Le vieil adage des plongeurs dit : Ne prenez rien d’autre que des photos et ne laissez que des bulles. Or, comment réduire son impact au minimum, dans une AMP ou pas? Voici quelques trucs pour ce faire :
• Contrôler sa flottabilité : Le parfait contrôle 1 HOEGH-GULDBERG, O. et al. Reviving the ocean economy: The case for action 2015. Gland (Switzerland), WWF International, 2015, 60 p.
2 SOCIÉTÉ POUR LA NATURE ET LES PARCS DU CANADA, SECTION QUÉBEC. Les aires marines protégées (AMP) : pour des écosystèmes en santé et pour l’avenir des communautés côtières, Montréal, SNAP Québec, 2016, 16 p.
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