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Des études menées sur le comportement du public dans une exposition ont montré que sur les 10 se- condes en moyenne qu’un visiteur passe devant chaque œuvre, 8 secondes sont consacrées à la lecture du cartel. Or on gagne toujours à prendre le temps de regarder une seule œuvre sur dix dans une salle, plutôt que de parcourir rapidement les dix œuvres. Le meilleur conseil, c’est d’entrer dans une salle, de foncer vers l’œuvre qui nous attire le plus pour s’arrêter et la regarder vraiment. En mettant des mots sur une œuvre, on la voit mieux et peu à peu se révèlent les détails qu’on n’avait pas vus au premier coup d’œil. À force de regarder, les émotions et les idées viennent, la compréhension aussi.
Qu’est-ce que l’art apporte aux enfants ?
L’art, c’est d’abord du plaisir. C’est quelque chose qu’on ne conçoit pas forcément quand on n’a pas l’habitude de fréquenter les musées. Ce plaisir se situe au niveau des émotions, mais aussi au niveau de la compréhen- sion du monde et de notre histoire dont les œuvres sont des vecteurs. Ça ne veut pas dire que toutes les œuvres procurent les mêmes émotions. Mais, même si on n’est pas réceptif à tout, il y a toujours des œuvres qui nous touchent. L’artiste, c’est d’abord quelqu’un qui invente son propre langage et les artistes ne créent jamais seuls dans leur coin. Ils dialoguent en perma- nence les uns les autres avec le monde qui les entoure. L’histoire de l’Art permet de confronter les manières de s’exprimer, de mettre en perspective notre histoire avec celles de cultures qui ne sont pas les nôtres. L’art cultive ainsi l’ouverture d’esprit et sensibilise à toutes les cultures à condition de ne pas seulement se limiter aux seuls « beaux-arts ».
Alors qu’à ses débuts, la revue se consacrait essentiel- lement aux grands peintres ou sculpteurs, nous avons tenu à ouvrir le champ à toutes les formes d’art visuel : le cinéma, le design, l’animation, le street art, l’archi- tecture, la photographie... De Miyazaki à Picasso, il n’y a pas de hiérarchie, mais des logiques et des re- gards différents.
Au regard de vos parutions récentes, la majorité des sujets semble traiter du XXe siècle, comment choisissez-vous vos artistes ou vos thématiques ?
Au départ, la revue proposait des thématiques géné- rales comme « le portrait » ou « le paysage », avec aussi des propositions plus originales comme « l’eau » ou « le chat ».
Aujourd’hui, nous nous concentrons sur des théma- tiques autour d’un artiste, d’un courant ou d’un genre. Si nous nous orientons vers le XXe siècle et des formes d’art plus contemporaines, c’est qu’il existe clairement une demande du public sur ces sujets-là. Parmi nos abonnés, nombreux sont enseignants, bibliothécaires
ou documentalistes à la recherche de sujets moins vus et revus pour les enfants.
Dernièrement, nous avons consacré un numéro au Pixel Art. Même si la pratique du dessin sur papier quadrillé est à la mode chez les enfants, il est difficile de trouver des documentaires sur le sujet qui mettent aussi en perspective l’histoire de cette technique contemporaine avec des pratiques plus anciennes comme la mosaïque. En ciblant des thématiques rare- ment traitées ou des angles nouveaux, nous veillons aussi sur une année à maintenir un équilibre entre des numéros consacrés à l’art moderne ou à l’art ancien, à des thématiques ou à des artistes.
Souvent la thématique principale est liée à une exposition, quelle place occupe l’actualité cultu- relle dans la revue ?
Depuis les années 2000, autour du numéro 120, la revue a intégré l’actualité dans ses pages, en partie pour des contraintes administratives et budgétaires. Nous avions notamment besoin d’un espace hors thématique dédié à l’actualité pour être reconnus en revue de presse par la commission paritaire. C’est ce qui détermine que nous nous tournions vers des sujets plus monographiques en relation avec des expositions et la tenue de la rubrique « Artualités » de 8 pages à la fin de chaque numéro. Néanmoins, rien ne nous em- pêche de traiter l’actualité de manière intemporelle. Dada n’est pas vraiment un magazine. En dehors des abonnements, la revue se trouve en librairie. De fait, chaque numéro est lu et acheté dans le temps. Peu à peu, la collection Dada permet de se faire une petite bibliothèque artistique. Pour garder ses numéros pen- dant des années, les axes éditoriaux doivent permettre d’éviter les sujets périssables.
Dans la page « jeu » par exemple, le jeu se construit autour d’une œuvre présentée dans une exposition du moment, elle est introduite par une BD qui en raconte la genèse.
De même pour le « face à face », où l’on confronte deux œuvres prises dans deux expositions différentes sur le même thème.
Les ateliers Dada c’est quoi ?
La revue Dada a toujours proposé des ateliers. Aujourd’hui, il y a deux ateliers inventés pour chaque numéro en écho au thème principal par deux artistes plasticiens qui ont l’habitude de travailler avec des enfants, Louise Heugel et Olivier Morel. Pour ne pas s’adresser seulement à des profs ou à des parents ar- tistes, il est nécessaire de rendre l’atelier facilement réalisable chez soi ou en classe, avec du matériel simple et un déroulé photographié de chaque étape, pour se donner une idée. Quant aux ateliers Dada avec des groupes d’enfants, ils sont nés il y a 6 ans
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