Page 14 - Rebelle-Santé n° 234 - Extait
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RENCONTRE
  Avec le premier confinement, j’ai vu augmenter l’inté- rêt pour ces expériences de la part d’éducateurs spé- cialisés, de soignants ou autres : des gens qui avaient envie de mener des projets au jardin dans les institu- tions et les établissements pour le bien-être de leurs patients et de leurs résidents. Depuis 2019, avec les passionnés et les professionnels, nous avons créé la « Fédération française jardins nature et santé », pour faire connaître et reconnaître les bienfaits de cette médiation en France, développer le concept, favoriser ses dynamiques et ses progrès. Nous organisons des « webinaires », et travaillons sur différents projets au- tour de la place de la nature dans le parcours de soin. Tout le monde peut y participer. Mon tour de France s’inscrit lui aussi dans cette démarche de communica- tion et de coordination. En France, le concept de jar- din de soin n’est pas encore bien développé ni défini. Tout le monde a son idée et chacun fait un peu à sa sauce. C’est l’occasion de partir à la rencontre de la réalité du terrain, des porteurs de projets, mais aussi des usagers, pour montrer la diversité des expériences et ce qui les réunit, en médiatisant également le concept auprès du grand public, pour créer une ému- lation auprès de tous ceux qui pourraient être concer- nés. Je ne fais pas ce périple pour moi toute seule, même si je sais qu’il m’apportera beaucoup.
Mon objectif, c’est le partage et j’ai déjà reçu énormément de soutiens de la part d’associations, de fondations et d’entreprises. J’ai également mis en place un partenariat avec les lycées agricoles en France, pour que je puisse me faire héberger dans les établissements le long de mon parcours et, en contrepartie, proposer une intervention de sensibilisation des étudiants au
concept. C’est très important pour moi de pouvoir transmettre aux jeunes qui se destinent à des métiers du végétal, en leur montrant que cette filière existe et qu’elle est amenée à se développer dans les années à venir.
Quels sont les freins au développement de ce type de jardins ?
Principalement, le financement et l’entretien. Pour les institutions et les établissements, le jardin est souvent considéré comme une contrainte, sans évaluer les bienfaits que ça apporte. Trop peu d’études ont permis de démontrer les vertus de ces jardins, mis à part quelques-unes comme celle réalisée au Pôle psychiatrique du Jardin des Mélisses, au CHU de Saint-Étienne.
Ensuite, il existe des confusions. On trouve par exemple très souvent des « jardins » aménagés dans les Ehpad, mais qui n’ont rien de thérapeutique dans le sens où ils sont très peu végétalisés pour éviter les coûts d’entretien, avec des plantes qui ne parlent pas du tout aux résidents. Le jardin de soin ne se résume pas à une allée maçonnée avec trois bacs de fleurs impersonnels. Au contraire, c’est un lieu d’interaction. Il y a aussi des paysagistes qui, voyant naître un nouvel engouement pour ce type de jardin, développent cette option au sein de leurs entreprises, et proposent des « jardins thérapeutiques » clé en main, mais c’est encore nier la valeur fondamentale du partage qui doit s’inscrire au cœur de chaque projet. Ensuite, si la volonté existe, aménager un jardin s’inscrit dans la durée. Dans des établissements où les équipes
  Jardin thérapeutique - Le Mans 2017
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