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Introduction
« On souhaiterait naturellement définir les conditions du "risque zéro". Cependant
pour les activités à risque, en montagne notamment, c’est dans le cadre d’une
obligation de moyen qu’il convient de se situer. […] Certaines propositions
n’auraient cependant peut-être rien changé dans la présente catastrophe qui ne
résulte ni d’un défaut d’organisation par l’établissement, ni d’un nombre suffisant
d’adultes encadrant les élèves, ni d’un accident lié aux moyens de transport, ni
d’une déficience de sécurité de la structure d’accueil entendue au sens des lieux
d’hébergement. L’accident des Orres semble bien lié à l’appréciation qui a été
portée sur la pertinence de l’activité proposée en un tel site et sur le moment de
l’accomplir compte tenu des conditions météorologiques » .
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En 1998, la mission de l’IGAENR posait déjà une problématique qui reste malheureusement
d’actualité. L’accident mortel dont a été victime un lycéen de l’académie de Grenoble en janvier 2015
dans le massif du Vercors, puis l’avalanche à la station des Deux‐Alpes (Isère) qui a emporté deux
lycéens lyonnais en janvier 2016 ne peuvent qu’interroger l’institution sur la pratique des activités à
risques dans un cadre scolaire et sur l’adéquation des procédures de sécurité existantes avec ces
pratiques, singulièrement à la montagne.
Ces pratiques soulèvent en effet de multiples questions : est‐ce le rôle de l’école d’initier les élèves à
tout type d’activités sportives ? Dans quel cadre ? À quel niveau d’engagement ? Avec quel niveau
d’encadrement ? Comment concilier l’éducation au risque avec la maîtrise constante de la sécurité et
de l’intégrité physique des élèves ?
Cette énumération d’interrogations ne saurait être exhaustive, tout comme il serait vain de penser
que l’on peut y apporter des réponses catégoriques ou définitives face aux attentes évolutives de la
société qui accepte de moins en moins le risque mais aspire, dans le même temps, au
développement des activités de pleine nature et à la prise en compte de nouveaux sports. Il ne suffit
pas d’affirmer que l’exigence de sécurité doit l’emporter sur toute autre considération ; il est
indispensable d’en préciser les contours et de lui donner un contenu concret pour aider les
enseignants dans leur mission.
C’est ce à quoi s’est efforcée la mission d’inspection générale, sollicitée par la rectrice de Grenoble
suite à un accident mortel mettant en cause la section sport nature d’un lycée de l’académie et
diligentée à la demande du directeur du cabinet de la ministre de l’éducation nationale, de
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l’enseignement supérieur et de la recherche .
Conformément à sa saisine, la mission a concentré ses observations dans l’académie de Grenoble,
emblématique des sports de montagne. Les activités pratiquées en pleine nature y sont multiples et
saisonnières : ski, escalade, alpinisme, raquette à neige, spéléologie, canyoning, canoë‐kayak, vol
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libre , etc. On y retrouve aussi des activités pratiquées dans toutes les académies, telles que la course
d’orientation ou le vélo tout terrain. Une attention particulière a également été portée à la pratique
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Rapport relatif à l’accident mortel survenu dans les Hautes‐Alpes à un groupe scolaire de Montigny‐le‐Bretonneux
(Yvelines), IGAENR, 1998. Une avalanche survenue lors d’une randonnée en raquettes près de la station des Orres avait
causé la mort de onze personnes, dont neuf collégiens et une enseignante, et fait une vingtaine de blessés graves.
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Cf. lettres de saisine et de désignation en annexe 1.
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Parapente essentiellement.
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