Page 53 - Demo livret 8
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ÉDITION
La présente édition est constituée de 8 cahiers, dont 7 sont consacrés aux discours, et celui-là, le 8e, offre un commentaire général. Les cahiers sont numérotés, dans un ordre qui correspond tout simplement à mon sens de lecture habituel. J’ai conçu ces cahiers comme des narrations distinctes se déroulant en parallèle, et se faisant parfois écho. Ils peuvent tout à fait se découvrir dans un ordre différent, entraînant à chaque fois la relecture du récit dans une perspective différente. D’un cahier à l’autre le « lecteur » est en quelque sorte invité à entrer une nouvelle fois dans le même fleuve.
La page de garde introduit chacun des 7 cahiers-chapitres par une image du château de Königsberg, figure emblématique de la ville, qui donne le ton au cahier : là où le pre- mier commence par un débat sur la véracité de la couleur du château à partir d’une photo colorisée, le deuxième appelle à détruire celui-ci et le troisième commence par une vue du centre-ville avec la château visible au loin et au premier plan les travaux de démontage de l’ancien Königsberg en cours pour fournir en briques d’autre villes de l’Union Soviétique. On pourrait se demander quel rapport il y a entre le château de Königsberg et les coquillages en page de garde du quatrième cahier. Or ce sont des coquilles d’huitres retrouvées pas les archéologues à l’emplacement du fameux restaurant Blutgericht, qui se trouvait dans les sous-sols du château. Le cinquième cahier commence par une simulation en 3D du château reconstruit ; au début du sixième on voit une photographie du château devenue background pour les annonces publicitaires de tout genre au milieu d’une scène de misère. Et l’image qui introduit le septième cahier représente un regardeur mélancolique contemplant de loin la silhouette du château de Königsberg en ruines.
La suite des pages déploie un flux constitué d’images et de mots, où les chronolo- gies et les provenances de documents s’entremêlent. Ce « mélange » non linéaire n’a tout de même rien d’aléatoire. Les cahiers développent 7 narrations, qui articulent l’essence chacun des sept discours. La succession des documents se présente ainsi sous forme d’un flux structuré, une recherche iconographique influencée par mon propre système de préférences.
Par le montage j’ai essayé d’échapper à la chronologie historique pour proposer un récit qui s’articule autrement – par correspondances et analogies visuelles, par échos et répétitions intertemporelles, par anticipations et rattrapages. J’avais envie de propos- er une structure moins rationnelle, qui défierait cette certitude qu’infuse la chronologie pour introduire une temporalité plus plastique, propre à l’entrelacement des images. J’ai cherché à accentuer la pluralité de sources et l’hétérogénéité visuelle de ces images pour signifier qu’il ne s’agit pas d’exceptions ou de cas particuliers mais de discours, partagés, qui s’expriment dans des domaines tout à fait différents et prennent des formes tout à fait multiples.
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