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LE MOYEN ÂGE
. Dom Henrique de Aviz avait atteint son ob-
jectif et Lisbonne fait frapper une pièce en or
massif, le cruzado , qui devint ensuite la mon-
naie incontournable des routes maritimes.
Pour dompter l ’ Atlantique, Dom Henrique de
Aviz mène, depuis Lagos et Sagres une révo-
lution scientifique et technologique. Cela pas-
se d ’ abord par l ’ établissement de nouvelles
Huit ans plus tard, les îles des Açores étaient cartes. À chaque retour d ’ expédition, les ca-
accostées à leur tour. Dom Henrique de Aviz pitaines voyaient leurs observations consi-
se tourne ensuite vers le sud, voulant que gnées pour parvenir à des cartes plus précises
ses caravelles franchissent le cap Bojador, que celles des tracés italiens, castillans, fran-
au Sahara occidental, point le plus éloigné çais et anglais. Des informations sur les vents,
de la côte ouest africaine. Mais les marins marées, et courants, classées «secret-
redoutaient ces « mers jamais naviguées au- défense». Pour la première fois en Occident,
paravant » pour reprendre le début du poè- le Portugal réalise la navigation par l ’
me des Lusiades de 1572. En 1434, les ex- observation des astres. Il adresse aux marins
plorateurs Gilianes et Gonçalves franchirent partant en mer s ’ ajoutait désormais un
l ’ obstacle et découvrent, médusés, le golfe «maître de l ’ astronomie » sachant lire les
de Guinée : « la navigation y est aussi facile portulans, les cartes de navigation mention-
que chez nous, et le pays est en outre d ’ nant les ports, calculer une déclinaison astra-
une beauté et d ’ une richesse extrêmes», le, tracer les méridiens… Passé maître dans
rapportèrent-ils. Le verrou mental était brisé, l ’ art de manier les instruments de mesure,
l ’ horizon est désormais ouvert. Et les no- comme la boussole, antique invention chinoise
bles attachés à Dom Henrique de Aviz reçoi- transmise par les musulmans, cet astronome
vent le privilège de lever des taxes sur le fu- nautique connaissait ainsi la position précise
tur commerce de cette terra incognita , dont 5 du navire. Il se servait aussi d ’ un astrolabe
% à leur seul profit. Dix ans plus tard, les planisphérique, utilisé dans le monde marin
Portugais accostent dans l ’ actuelle Maurita- arabe depuis des siècles. Cet instrument, un
nie, où ils fondent leur premier comptoir forti- anneau de laiton constitué d ’ un viseur rotatif
fié en liaison avec les routes caravanières. pointé vers le soleil ou une autre étoile, per-
Peaux, ivoire, épices, céréales, sucre, mais mettait de déterminer une latitude exacte. Un
aussi esclaves, affluent en métropole, où les repère essentiel pour se situer dans l ’
profits réalisés aiguisaient les appétits. immensité de l ’ océan.