Page 39 - magazine11_Neat
P. 39

LE MOYEN ÂGE







                                                              . Dom Henrique de Aviz avait atteint son ob-
                                                              jectif et Lisbonne fait frapper une pièce en or

                                                              massif, le cruzado  , qui devint ensuite la mon-
                                                              naie incontournable des routes maritimes.

                                                              Pour dompter l ’ Atlantique, Dom Henrique de

                                                              Aviz mène, depuis Lagos et Sagres une révo-
                                                              lution scientifique et technologique. Cela pas-

                                                              se d ’ abord par l ’ établissement de nouvelles

         Huit ans plus tard, les îles des Açores étaient      cartes. À chaque retour d ’ expédition, les ca-
         accostées à leur tour. Dom Henrique de Aviz          pitaines voyaient leurs observations consi-

         se tourne ensuite vers le sud, voulant que           gnées pour parvenir à des cartes plus précises
         ses caravelles franchissent le cap Bojador,          que celles des tracés italiens, castillans, fran-

         au Sahara occidental, point le plus éloigné          çais et anglais. Des informations sur les vents,
         de la côte ouest africaine. Mais les marins          marées, et courants, classées «secret-

         redoutaient ces « mers jamais naviguées au-          défense». Pour la première fois en Occident,

         paravant » pour reprendre le début du poè-           le Portugal réalise la navigation par l ’
         me des Lusiades de 1572. En 1434, les ex-            observation des astres. Il adresse aux marins

         plorateurs Gilianes et Gonçalves franchirent         partant en mer s ’ ajoutait désormais un

         l ’ obstacle et découvrent, médusés, le golfe        «maître de l ’ astronomie » sachant lire les
         de Guinée : « la navigation y est aussi facile       portulans, les cartes de navigation mention-

         que chez nous, et le pays est en outre d ’           nant les ports, calculer une déclinaison astra-

         une beauté et d ’ une richesse extrêmes»,            le, tracer les méridiens… Passé maître dans
         rapportèrent-ils. Le verrou mental était brisé,      l ’ art de manier les instruments de mesure,

         l ’ horizon est désormais ouvert. Et les no-         comme la boussole, antique invention chinoise
         bles attachés à Dom Henrique de Aviz reçoi-          transmise par les musulmans, cet astronome

         vent le privilège de lever des taxes sur le fu-      nautique connaissait ainsi la position précise
         tur commerce de cette terra incognita   , dont 5     du navire. Il se servait aussi d ’ un astrolabe

         % à leur seul profit. Dix ans plus tard, les         planisphérique, utilisé dans le monde marin

         Portugais accostent dans l ’ actuelle Maurita-       arabe depuis des siècles. Cet instrument, un
         nie, où ils fondent leur premier comptoir forti-     anneau de laiton constitué d ’ un viseur rotatif

         fié en liaison avec les routes caravanières.         pointé vers le soleil ou une autre étoile, per-

         Peaux, ivoire, épices, céréales, sucre, mais         mettait de déterminer une latitude exacte. Un
         aussi esclaves, affluent en métropole, où les        repère essentiel pour se situer dans l ’

         profits réalisés aiguisaient les appétits.           immensité de l ’ océan.
   34   35   36   37   38   39   40   41   42   43   44