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HISTOIRE
VICTOR EMMANUEL III
partie ralliée à Benito Mussolini. Aussi, en oc-
tobre 1922, il entérine la « marche sur Rome »
en chargeant Mussolini de former le gouver-
nement. De 1922 à 1943, Victor-Emmanuel III
est prisonnier de la dictature, dont il ne pour-
rait se délivrer que par un coup d'État. Une
sorte de dyarchie s'instaure entre le roi et le
Duce.
Victor-Emmanuel III :
le roi caché Un roi de faible constitution
Le règne de Victor-Emmanuel III sera le « Le vieux monde meurt. Le nouveau prend
plus long, le plus chargé d'événements de du temps à apparaître. Et dans ce clair-
er
l'Italie contemporaine. Son père Humberto I , obscur, les monstres émergent ». Cette ré-
autoritaire et porté au gouvernement person- flexion du philosophe italien Antonio Gramsci,
nel, sa mère Marguerite de Savoie, ambitieuse mort en 1937 dans les geôles fascistes, accu-
se Mussolini. Or, en y regardant de plus près,
et cultivée, aggravent le complexe d'infériorité
on distingue une autre silhouette. Elle a un
qui lui vient de son physique ingrat et de sa
nom, elle porte un titre : Victor-Emmanuel III,
petite taille 1m53. En 1896, il épouse Hélène
roi d ’ Italie. En 1900, ce roi de l ’ ombre va
Petrovitch-Niegoch, fille du prince Nicolas de
ouvrir la voie au Duce, succédant à son père
Monténégro, qui lui donne cinq enfants. De
goûts simples, esprit sans grande envergure Humberto Ier assassiné par un anarchiste.
pour le gouvernement, mais instruit et doté de D ’ emblée, la couronne lui pèse. Comme l ’
bon sens, Victor-Emmanuel III est d ’ un ca- écrit l ’ un de ses ministres, Ferdinando Marti-
ractère très fermé, avec un fond de scepticis- ni : « Le roi a le défaut d ’ être trop moderne.
me et de froideur. Les responsabilités du roi Il ne croit pas lui-même à la monarchie ou au
d ’ Italie dans l'avènement de la dictature sont moins à l ’ avenir de la monarchie. Né bour-
geois, il serait républicain ou peut-être socia-
évidentes. Les mobiles en sont complexes :
liste ». En ce début de siècle, il n ’ est pas le
défiance envers les hommes politiques et les
seul souverain à douter, et il doute d ’ autant
partis, crainte de se voir écarté au profit de
plus que la nature ne l’ a pas gâté. Il est un
son cousin, le duc Emmanuel-Philibert d'Aos-
te, populaire chef de guerre, doutes sur l'attitu- de « ces fruits que donnent les mariages entre
de de l'armée et de l'administration, en grande parents », déplorait son père.