Page 55 - magazine11_Neat
P. 55

HISTOIRE






         Victor-Emmanuel III est un anticlérical, très         en privé : « Il faut plumer la poule sans la faire

         aigri par le refus de l'Église catholique de re-      crier ». Mais le Duce dira plus tard, amer : «

         connaître Rome comme la capitale de l'Italie,         La révolution fasciste s’ a rrêta devant un trô-
         mais il réalise qu'aussi longtemps que l'Église       ne ». Comme devant l’ E glise catholique et le

         catholique et le pape Pie XI restera opposé à         grand capital industriel, ces deux autres contre

         l'État italien, beaucoup d'Italiens continueront
                                                               -pouvoirs qui, avec la couronne, ont posé
         à regarder l'État italien comme illégitime et
                                                               quelques limites à l ’ e mprise totalitaire de
         qu'un traité avec le Vatican sera nécessaire.
                                                               Mussolini sur l ’ Italie. Une situation que le Du-
         Cependant, quand le premier ministre Victor-
                                                               ce, dans les années 1930, supporte de plus
         Emmanuel Orlando s'occupe d'ouvrir des né-
                                                               en plus mal. Mussolini compare la monarchie
         gociations avec le Vatican, en 1919, il est blo-
                                                               à des wagons vides qu’ H itler a la chance de
         qué par le roi, furieux que l'Église catholique
         ait maintenu une neutralité pro-autrichienne          ne pas traîner derrière lui. De son côté, le Fü-

         durant la Première Guerre mondiale. À part la         hrer déclare : « Il y a seulement trois grands

         défense du Saint-Suaire de Turin, qui appar-          hommes d ’ Etat au monde : Staline, Mussoli-

         tient à la maison de Savoie, le roi a peu d ’         ni et moi. Mussolini est le plus faible parce

         intérêt pour la religion. En privé, Victor-           qu ’ il n ’ est pas capable de briser le pouvoir
         Emmanuel III jette sur l'Église catholique un         ni de la couronne ni de l ’ Eglise ». Le 2 octo-

         regard amer, considérant les vieux ecclésiasti-       bre 1935, Mussolini adresse un discours belli-

         ques comme des hypocrites avides, cyniques            queux aux Italiens et leur annonce sa décision

         et obsédés, qui tirent avantage de la croyance        d'envahir l'Éthiopie. Il veut offrir à son pays un

         dévote des Italiens ordinaires. En 1929, Mus-
                                                               empire colonial digne de son rang et n'a pas
         solini, au nom du roi, signe le concordat. Ce
                                                               d'autre solution pour cela que d'attaquer le
         traité est un des trois agréments signés cette

         année entre le royaume d'Italie et le Saint-

         Siège. Le 7 juin 1929, le concordat est ratifié
         et la « question romaine » est scellée accor-

         dant à Pie XI la cité du Vatican, dernier vesti-

         ge des Etats pontificaux et de la puissance

         pontificale. L ’ ordre est à peu près rétabli et

         Mussolini, quoique à contre cœur, ménage
         une monarchie toujours populaire en disant
   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60