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HISTOIRE
Victor-Emmanuel III est un anticlérical, très en privé : « Il faut plumer la poule sans la faire
aigri par le refus de l'Église catholique de re- crier ». Mais le Duce dira plus tard, amer : «
connaître Rome comme la capitale de l'Italie, La révolution fasciste s’ a rrêta devant un trô-
mais il réalise qu'aussi longtemps que l'Église ne ». Comme devant l’ E glise catholique et le
catholique et le pape Pie XI restera opposé à grand capital industriel, ces deux autres contre
l'État italien, beaucoup d'Italiens continueront
-pouvoirs qui, avec la couronne, ont posé
à regarder l'État italien comme illégitime et
quelques limites à l ’ e mprise totalitaire de
qu'un traité avec le Vatican sera nécessaire.
Mussolini sur l ’ Italie. Une situation que le Du-
Cependant, quand le premier ministre Victor-
ce, dans les années 1930, supporte de plus
Emmanuel Orlando s'occupe d'ouvrir des né-
en plus mal. Mussolini compare la monarchie
gociations avec le Vatican, en 1919, il est blo-
à des wagons vides qu’ H itler a la chance de
qué par le roi, furieux que l'Église catholique
ait maintenu une neutralité pro-autrichienne ne pas traîner derrière lui. De son côté, le Fü-
durant la Première Guerre mondiale. À part la hrer déclare : « Il y a seulement trois grands
défense du Saint-Suaire de Turin, qui appar- hommes d ’ Etat au monde : Staline, Mussoli-
tient à la maison de Savoie, le roi a peu d ’ ni et moi. Mussolini est le plus faible parce
intérêt pour la religion. En privé, Victor- qu ’ il n ’ est pas capable de briser le pouvoir
Emmanuel III jette sur l'Église catholique un ni de la couronne ni de l ’ Eglise ». Le 2 octo-
regard amer, considérant les vieux ecclésiasti- bre 1935, Mussolini adresse un discours belli-
ques comme des hypocrites avides, cyniques queux aux Italiens et leur annonce sa décision
et obsédés, qui tirent avantage de la croyance d'envahir l'Éthiopie. Il veut offrir à son pays un
dévote des Italiens ordinaires. En 1929, Mus-
empire colonial digne de son rang et n'a pas
solini, au nom du roi, signe le concordat. Ce
d'autre solution pour cela que d'attaquer le
traité est un des trois agréments signés cette
année entre le royaume d'Italie et le Saint-
Siège. Le 7 juin 1929, le concordat est ratifié
et la « question romaine » est scellée accor-
dant à Pie XI la cité du Vatican, dernier vesti-
ge des Etats pontificaux et de la puissance
pontificale. L ’ ordre est à peu près rétabli et
Mussolini, quoique à contre cœur, ménage
une monarchie toujours populaire en disant