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HISTOIRE
A mesure que le régime se durcit et la bon gré, fatigué de jouer les seconds
guerre prend une tournure mauvaise pour les rôles et soulagé de lui laisser l ’ entière res-
forces de l ’ Axe, le Duce n ’ écoute plus le ponsabilité des désastres à venir, persuadé
roi. Il a déjà envahi l’ E thiopie sans lui de- que la défaite de Mussolini sauvera la monar-
mander son accord, promulgue les lois antisé- chie qui à prit ses distances avec les Fascis-
mites, en 1938, que le roi désapprouve. La tes et la guerre. Dès lors l ’ Italie, mal prépa-
même année, la visite d ’ Hitler à Rome révul- rée militairement et économiquement, ne peut
se Victor-Emmanuel III qui voit le Führer com- que simplement suivre la stratégie allemande,
me « un dégénéré psycho-physique, un obsé- s ’ engageant en particulier dans la guerre
dé sexuel, un toxicomane ». Mussolini de plus contre l ’ Union soviétique de Staline, en juin
en plus complexé devant les nazis et leur tout- 1941. Les désastres militaires d ’ El Alamein
puissant Führer, attendait sans doute la mort au côté des restes de l’ A frika corps du maré-
du vieux roi âgé de 70 ans, un dossier com- chal Rommel, de Tunisie, sur le Don font per-
promettant sur le prince héritier dans un tiroir dre à l ’ Italie ses colonies, accompagnés d’
pour abolir la monarchie et s ’ emparer du une crise intérieure si grave que c ’ est au
pouvoir. Or, l ’ éclatement de la Seconde sein de l ’ appareil politique fasciste même
Guerre mondiale renvoie la question du régi- que se décide la sort du régime au cours d’
me à la victoire, qui n ’ arrivera pas. Dès une pathétique réunion du Grand Conseil, les
1940, le roi est persuadé que l ’ Allemagne va 24 et 25 juillet 1943. Les défaites et la perte
perdre la guerre, sans jamais l ’ affirmer ou des colonies incitent le Grand Conseil fascis-
contredire Mussolini. Lorsqu ’ en décembre me à voter contre Mussolini, le 25 juillet 1943.
1941, le Duce, allié du Führer, met fin à la Le même jour, Victor-Emmanuel III prend acte
dyarchie en exigeant le commandement ex- de la démission du Duce qui, placé en déten-
clusif des forces armées, le roi accepte de tion, reconnait sa loyauté envers le roi et le
nouveau gouvernement du général Badoglio.
En juin, Victor-Emmanuel III avait intensifié
ses contacts avec des antifascistes, directe-
ment ou par l ’ intermédiaire du ministre de la
Maison de l'Aquarone . Le 22 juillet, au lende-
main du sommet de Feltre entre Mussolini et
Hitler et après le premier bombardement de
Rome, le souverain avait discuté avec