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CONCLUSION
LES NOUVELLES HÉGÉMONIES
Le document de la commission d’enquête de la France insoumise est un outil précieux
dans cette lutte. D’abord parce qu’il est un exercice démocratique aux antipodes de la
société de contrôle, où la parole de l’opposition disparait au profit du duo formé par le
pouvoir et les experts. Ici, la parole est donnée largement au monde social engagé,
avec une méthode transparente et dans le cadre de travaux de parlementaires .
Par ailleurs, ce rapport fait le recensement, point par point, de tous les mécanismes
qui nous ont conduit dans le mur sanitaire, économique et social. Il s’appuie pour cela sur
les témoignages et les analyses de ceux qui connaissent le mieux, par leur expérience,
les domaines sur lesquels ils s’expriment : des syndicalistes, des chercheurs, des
professionnels, des associatifs . En cela, il montre un fait central : la désagrégation de
l’hégémonie idéologique néolibérale dans de vastes secteurs sociaux.
La période précédente s’appuyait sur des idées, des principes, des valeurs qui recueillaient
un assentiment majoritaire dans la société : « la concurrence est synonyme d’efficacité »,
« le libre-échange augmente le bien-être des populations », « l’Etat dépense trop », « les
fonctionnaires sont trop nombreux ». Les mots dominants étaient alors « flexibilité »,
« compétition », « mondialisation », « rentabilité », « rationalisation des effectifs ». Cette
période est finie. Déjà, ce consensus avait été affaibli par la prise de conscience écologique
et avec elle, celle de l’existence d’un intérêt général humain . Son existence est devenue
une évidence maintenant que les conséquences de la cohabitation des chauves-souris,
des pangolins et des humains ont été constatées, par plus de la moitié de l’Humanité,
obligée de s’enfermer pour avoir laissé méconnaitre cette réalité.
Le krach sanitaire a accéléré la diffusion de nouveaux mots qui appartiennent à
l’imaginaire collectiviste . On parle désormais plus facilement de « planification » pour
désigner le type d’organisation de l’économique que l’on aimerait voir succéder au chaos
actuel. Surtout, le mot « souveraineté » est désormais largement partagé. Pour ses
utilisateurs, il désigne une volonté de contrôle démocratique sur les aspects essentiels
de notre vie en commun. Le déficit de souveraineté est pointé partout dans ce rapport,
qu’il s’agisse des médicaments, de l’industrie, des droits des travailleurs, du numérique
ou de l’impuissance de l’Union européenne. L’appropriation de ces mots par un nombre
croissant de personnes signifie qu’un socle politique suffisamment large est en train
de se former pour construire une nouvelle hégémonie.
LES CAUSES COMMUNES
Comment y contribuer ? La méthode des insoumis a été de faire la démonstration que,
débarrassés des préjugés idéologiques libéraux, on pouvait faire autrement et mieux,
par des propositions concrètes . Ce rapport en offre encore un autre exemple. Chacune
de ses partie trace des réponses alternatives pour chaque compartiment de la crise. Il
s’y dessine clairement ce qu’aurait pu faire un gouvernement populaire depuis janvier
pour chaque secteur à la place du tâtonnement hasardeux constaté à chaque étape. Il
s’achève d’ailleurs par des préconisations opérationnelles pour planifier la sortie de crise.
Depuis le 16 mars 2020, la France insoumise a mis en circulation trois plans globaux :
les mesures d’urgence du groupe à l’Assemblée nationale, celles de nos parlementaires
européens et notre plan de déconfinement. Les députés insoumis ont déposé 11
propositions de loi en lien avec la mobilisation sanitaire ou la réponse à la crise
économique et sociale . Cela va de la nationalisation de Luxfer et Famar à la création

