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 quelque part à 150 kilomètres au moins en Albanie. Je suis désigné, étant seul, pour faire la route à pied et conduire un détachement de poilus appartenant à trois régiments différents. Ce n’est pas drôle... »
Du 6 au 11 juin, il se déplace en auto ou à pied pour rejoindre son unité à Pogradec.
« Vendredi 7 juin : Ce matin, je pars en auto sanitaire avec 2 ou 3 malades de mon détachement. Et j’arrive à 10 heures à l’étape à Zelova. Quel trajet ! Nous passons un col à 1 800 mètres au milieu des nuages, des tournants en épingle à cheveux, boues glissantes, nuages froids et humides.
sentiers impossibles pour atteindre tout au fond d’une vallée le camarade qui résiste assez bien au cafard. Il fait de la photo et lit beaucoup... »
Peu après, il retourne à Vakenkoj près de Florida pour une période de repos.
« Lundi 1er juillet : Nouvelle, nous ne montons plus dans la Bourle pour relever le 155 court du 3ème groupe. Nous restons à Valenkoj comme batterie d’ins- truction. Je suis chargé du peloton des élèves brigadiers du groupe.
Mercredi 31 juillet : Il paraît que nous nous déplace- rons vers l’Albanie ou bien vers la Cerna.
Vendredi 2 août : On m’envoie relever la 6ème batterie dans la Cerna. On part vendredi à minuit. Sur la route obscure, nous marchons jusqu’au lever du soleil qui nous brûle toute la journée dans la prairie où nous cantonnons au bord de la maigre Cerna. Le soir à 7 h nous partons et nous montons la côte qui nous mène au fameux point K d’où l’on rayonne sur toute La Bourle. C’est là qu’on installe nos échelons à côté de ceux de la 6ème batterie qui devront déménager bientôt en nous laissant leur place dans les cagnas construites en pierres et en tôles. A 7 h nous repartons et par une montée très rude nous grimpons sur le long éperon rocheux à côté duquel nous devons mettre en batterie à l’ombre du Gola Tchouka.
Mardi 11 juin. Arrivée en n à Pogradec à 6 h du soir... La batterie est installée à 600 mètres du village. Site charmant. Il n’y tombe bien entendu jamais un obus. Nous sommes à l’extrême limite de portée.
Au point de vue tactique, c’est à mon humble avis une position de valeur nulle. Il n’y a que deux canons, les deux autres sont en réparation et ne reviendront sans doute jamais... Tout le monde couche sous la tente... Le principal danger réside dans les comitadjis, paysans costumés en bandits d’opéra-comique, mais astucieux et  ns tireurs.
Samedi 15 juin : Je vais avec le capitaine rendre visite à Hautefeuille de l’autre côté du lac. Il y avait un canon là-bas. Nous traversons la montagne par des
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018
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Itinéraire du sous-lieutenant Jean Touzery
 




















































































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