Page 11 - matp
P. 11
Canon de 155 équipant
la batterie de Jean Touzery
Dimanche 4 août : Je vais visiter l’observatoire Niagara. Il n’est pas loin et on voit de là toute la boucle de la Cerna. A peine, par-ci, par-là, un coup de 77 ou de 105.
Je vais pendant les huit jours suivants avoir beaucoup à travailler. Le capitaine qui a beaucoup à faire avec le ravitaillement en munitions et même en vivres qui est fait à dos de mulet ou bien avec les arabas attelés à quatre, me laisse tout le travail de tir si bien que j’ai la joie de faire du métier d’artilleur pur. »
Jean Touzery participe avec sa batterie à l’offensive du 15 septembre 1918 mais dans le secteur secondaire de Monastir. Celle-ci appuie la progression des élé- ments alliés jusqu’à Prilep où elle stationne jusqu’à la n des opérations actives pour revenir en n à Florida.
« Lundi 16 septembre : Nous allons attaquer chez les Serbes à droite et chez les Français à Monastir. On veut même prendre Prilep : rien que ça ! L’attaque préparée pendant une journée s’est déclenchée hier matin à 5 h 30. Sur ces entrefaites, l’armée demande un of cier pour aller suivre les cours de gaz à Verria. Je suis désigné. Cela va me faire passer huit jours à l’arrière en pleine offensive...
Lundi 23 septembre : Samedi, on a attaqué devant nous. Çà a marché comme sur des roulettes. Nous fai- sons des tirs d’interdit sur les routes de l’arrière pendant toute la journée. Toutes les montagnes qui dominent la plaine sont entre nos mains. Nous partons dans la nuit avec des chevaux esquintés et par des routes terribles.
A 6 h, nous mettons en batterie près de Makovo. Le Boche est au diable. Nous entendons des coups de 75 lointains, les Serbes, les Italiens et nos braves Poilus les poursuivent. Haidé Prilep ! C’est le cri du jour.
Mardi 24 septembre : Nous avons fait une étape pénible cette nuit en nous déplaçant par pièces jusqu’au village de Momb. Les chevaux réunis du canon et du caisson montent le canon. Le caisson suit ensuite lorsque les chevaux du canon reviennent le chercher...
Mercredi 25 septembre : A 11 h du matin, il faut partir presto pour Erekovci où ils avaient leur terrain d’aviation. On attelle, on part. C’est en plaine maintenant, alors ça roule à merveille. Arrivée le matin au village. Rien n’est détruit. Ils ont laissé beaucoup de matériel, tout le fourrage. Les Bulgares chent le camp comme des lapins. Le soir même les tracteurs viennent nous prendre pour nous conduire en position de batterie à Trikrist.
Mais les Bulgares sont encore plus loin. Le soir même les tracteurs viennent encore nous chercher pour nous emmener au diable, à 20 kilomètres de Prilep. On ne sait plus où sont les Bulgares. Je pars avec les tracteurs.
Dimanche 29 septembre : Rien de nouveau. Je reste seul avec les servants et les canons dans la plaine. Le bruit d’une grande victoire commence à se dessiner.
Lundi 30 septembre : Départ à 6 h pour Prilep avec les chevaux de la batterie que le capitaine m’a en- voyés.
Les tentes individuelles !
9
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018