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« Mme Valette avait fait sensation en se montrant sur sa bicyclette en jupe-culotte. Les vieilles gens, le clergé, s’étaient voilés la face » (1).
L’automobile est encore très rare à Quintenas. Seu- les trois familles aisées en possèdent.
Pourtant la municipalité s’inquiète déjà des excès de vitesse dans le village comme on peut le constater dans les délibérations du conseil municipal d’avril 1912 :
« Il approuve également le projet de modération de vitesse de tous véhicules entr’autres les automobiles dans la traversée du chef-lieu, ces excès de vitesse pouvant entraîner de graves inconvénients dans une agglomération ».
Quintenas n’est pas isolé, une ligne d’autobus Annonay-Lamastre traverse le village. C’est la Société des Transports Annonéens créée en 1908 qui la gère.
Le train est aussi utilisé par les Quintenassiens. La gare la plus proche se trouve à Midon, sur la commune voisine de Vernosc, ou à Annonay. Cette ligne de chemin de fer dessert Saint-Rambert-d’Albon - Annonay - Firminy.
Johanny Rama dans la voiture de Mme Valette la première voiture à moteur du village (coll. famille Rama)
Laissez-passer pour M. Elie Badel (coll. famille Badel)
qui se passe au front. Cela me rappelle une caricature qui m’a bien amusé : un poilu revient de permission. Son caporal lui demande ce qu’il a appris de nouveau en permission. Et le poilu lui répond : j’ai appris beau- coup de choses concernant les tranchées » (3).
Les Allemands également pratiquent la censure sur les courriers reçus ou envoyés par les prisonniers.
Dès la déclaration de guerre, en août 1914, il devient impossible de se déplacer sans autorisation de l’administration. La famille Badel béné cie d’un laissez-passer pour se rendre de Valence, son lieu de résidence habituel, à son manoir de Frachon.
Marguerite Badel note dans son agenda, en date du 2 août 1914, que « tous les ponts sont gardés sur le trajet ».
Les moyens de communication
Le courrier est le mode d’échange le plus couram- ment utilisé. La correspondance des soldats avec leur famille est conséquente.
Le contrôle postal aux armées tourne à plein régime. Il s’agit de connaître l’opinion des soldats et aussi d’interdire la diffusion depuis l’arrière de certaines idées sur le front. Il entend ltrer les indiscrétions militaires sur les mouvements de troupe ou les nouvelles alarmantes. Toutefois la censure n’arrive pas à tout retenir. Les soldats trouvent des astuces pour communiquer avec leurs proches :
« Ici, ce n’est pas la Picardie, c’est presque un dé- sert, ce sont des régions crayeuses et incultes, des pays secs et éloignés des villes et des villages. En un mot, des terres désertes qui s’étendent à Perthes de vue » (2).
« Je vois, d’après ce que m’a dit Hervé, que les civils à l’intérieur en savent plus long que nous autres sur ce
1. Mémoires d’Auguste Rama, 1883-1973.
2. Lettre de Jean Vergne du 21 août 1915 dans les tranchées de Perthes (Marne). 3. Lettre de Jean Vergne du 4 août 1915.
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018 110