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C’est la classe 1907 qui est la plus touchée, sept de ses membres sur seize mobilisés sont « Morts pour la France ».
Une femme  gure parmi les soldats de Quintenas, Marie Misery, in rmière pour la Croix-Rouge. Elle est la seule femme du département à avoir obtenu le statut de combattante et une pension (4).
Les soldats de Quintenas sont envoyés sur tous les fronts : la Somme, la Champagne, l’Alsace. Ils sont cinquante-deux à combattre à Verdun en 1916 ; cinq d’entre eux y meurent. A partir de 1917 une dizaine de Quintenassiens se battent sur le front d’Orient.
On les a connus modestes et discrets sans jamais soupçonner que ces anciens combattants s’étaient illustrés par leur courage et qu’ils avaient reçu des décorations prestigieuses. La consultation des  ches matricules des soldats de Quintenas révèle qu’une soixantaine d’entre eux au moins a reçu une ou plusieurs décorations : quinze médailles militaires, quarante croix de guerre, quatre Légions d’honneur, vingt-cinq médailles interalliées ou diplômes de la victoire, six médailles serbes ou diplômes d’Orient, une croix du combattant volontaire.
Comment font-ils face ?
Conscrits de Quintenas - Classe 1907 (coll. Juliette Chirol)
Marie Misery (coll. famille Deygas)
Félicie et Auguste Bonnet - 24 février 1915 (coll. Rolande Géry)
  La vie au village doit s’organiser différemment. Dans les campagnes, tout repose dorénavant sur les femmes.
Les autorités civiles et militaires n’ont prévu, en 1914, aucun plan de ravitaillement ou de production de guerre. L’effort demandé est considérable dès la pre- mière année du con it, la déclaration de guerre arrivant en août, il faut assurer les moissons et les vendanges.
Les Quintenassiennes assument pleinement ce rôle comme le con rme ce courrier envoyé par Félicie Bonnet à son époux mobilisé.
 « Nous allons tous bien, je pense que le facteur me donnera quelque chose de toi puisque je suis habituée à recevoir tous les jours. Aujourd’hui il fait un temps magni que. L’après-midi j’irai de nouveau labourer » (carte de Félicie Bonnet, 24 février 1915, coll. Rolande Géry).
« Il fait bien beau temps, vous devez moissonner à grand train, le travail doit pas vous manquer. Encore vous avez de la chance au prix de bien de peines d’avoir pu rentrer vos fourrages en partie. Il doit en rester pas mal à couper. Les journées doivent être chères, encore point en trouver » (lettre de Marius Seux à ses parents, juillet 1915, coll. Jeanne Fourel).
Les permissions dites agricoles n’apparaissent pas avant septembre 1915. Sont concernés les propriétaires
4. Voir article d’Alain Martinot dans ce Cahier.
5. Lettre de Marius Seux à ses parents - Juillet 1915 (coll. Jeanne Fourel).
 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018 112


















































































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