Page 113 - matp
P. 113
Toute opinion sur l’Allemagne et les Allemands, toute indication de travail effectué en Allemagne (tunnels, usines, etc.) sont systématiquement censurées. Les lettres arrivent souvent caviardées de noir.
Le télégraphe est le seul moyen de communication instantané.
C’est un télégramme venant de la préfecture qui annonce la déclaration de guerre le 1er août 1914 et l’armistice le 11 novembre 1918. Ce sont également des télégrammes qui demandent aux permissionnaires de rentrer au dépôt et qui parfois annoncent les décès des soldats.
Cette pratique est tellement entrée dans les mœurs que le facteur des télégrammes de Quintenas demande au conseil municipal de lui accorder une augmentation de salaire en raison du grand nombre de messages à distribuer, ce qui sera approuvé à l’unanimité pour l’année 1914.
Les soldats de Quintenas
216 hommes âgés de 17 à 46 ans, habitant ou tra- vaillant à Quintenas, sont mobilisés entre 1914 et 1918. Parmi eux 64 sont décédés et considérés comme « Morts pour la France ».
Carte de Jean Vergne prisonnier en Allemagne, après censure - Février 1917 (coll. Sylvette David)
La guerre modi e profondément la vie de tous les jours au village. Pendant quatre années il faut pallier le départ de ces hommes dans la force de l’âge, pères de famille pour certains. La plupart des mobilisés sont agriculteurs ; leurs exploitations doivent continuer à fonctionner. Les réquisitions tombent dès l’année 1915 et la survie des familles dépend bien souvent de la production de leur ferme.
Comme le montre la photographie ci-dessous, prise en 1916, il ne reste au village que des hommes âgés, des femmes et des enfants.
Photographie de soldats sous forme de carte postale, très courante pendant la guerre. Ci-dessus, Emile Buisson assis à droite
(coll. Marie-Louise Buisson)
Les hommes les plus âgés, des classes 1888 à 1895, ne sont pas mobilisés pendant toute la durée de la guerre. Certains partent en 1914 pour de courtes missions comme la réquisition de chevaux. D’autres ne sont appelés qu’en 1915 et sont affectés dans les services auxiliaires. Certains béné cient de sursis agricoles ou de placement dans leur entreprise d’origine (les tanneries Meyzonnier par exemple). Seuls six d’entre eux sont mobilisés d’août 1914 jusqu’à la démobilisation générale en 1919 et un, Louis Seive, est « Mort pour la France ».
Les neuf jeunes gens de la classe 1914 sont mobi- lisés au mois de septembre 1914, les quinze de la clas- se 1915 partent en décembre 1914 pour les premiers, et jusqu’à 1917 pour les derniers, plusieurs ayant été ajournés en raison de leur faible constitution. Les clas- ses suivantes partent à l’âge de 18, 19 ou 20 ans.
Un engagé volontaire de la classe 1921, Jean-Marie Bombrun, est incorporé en février 1918, un mois après ses 17 ans.
1916 - Quintenas, place de l’Eglise
111
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018