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Retour sur l’épidémie de rougeole...
... et une certaine idée de l’Ardèche
Les médias français et étrangers ont alerté ces derniers mois leurs lecteurs et auditeurs sur l’extension de l’épidémie de rougeole déjà présente en 2017. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 2 567 cas déclarés en France entre le 6 novembre 2017 et le 24 juin 2018 avec un pic entre les semaines 13 et 18 et avec une incidence plus élevée chez les enfants de moins de 1 an. Même si le nombre de déclarations hebdomadaires se stabilise aujourd’hui, la menace demeure. 22% des cas déclarés ont nécessité une hospitalisation, 88% des malades étaient non ou mal vaccinés (1). Trois décès sont à déplorer, trois jeunes adultes de 17, 26 et 32 ans.
84 départements de France métropolitaine ont déclaré au moins un cas, la Région Nouvelle Aquitaine étant la plus touchée avec en particulier le département de la Gironde qui a compté dans la période retenue 615 cas. Mais on recense 202 cas dans la Vienne, 159 dans le Gard... L’Ardèche a connu, toujours dans la période considérée, 2 cas.
La rougeole est une maladie très contagieuse, qui atteint principalement les jeunes enfants mais aussi les adultes. Si on connaît généralement ses premiers symptômes, notamment une èvre éruptive, on ignore souvent les complications qui peuvent survenir parmi lesquelles les bronchites, les pneumopathies et l’encé- phalomyélite (qui peut laisser des séquelles neuro- psychiques sévères, troubles du comportement, retard mental, paralysie, voire entraîner la mort dans 10 à 15% des cas). Egalement la panencéphalite subaiguë, mortelle, qui intervient en moyenne sept ans après la maladie. D’autres complications peuvent survenir en fonction de l’état de santé des personnes atteintes.
Le vaccin est le ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole). Il est composé de deux doses. Il est obligatoire pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2018 et jusqu’à l’âge de 2 ans pour pouvoir être admis dans une collectivité d’enfants (crèches, écoles, etc.) (2).
Mais c’est à l’ensemble de la population que s’adressent les services de santé pour une protection accrue. L’objectif est d’atteindre une couverture vaccinale de 95% seule à même, d’après les spécialistes et l’OMS, d’empêcher toute épidémie de rougeole. Un seuil qu’aucun département français n’atteint à ce jour.
Une campagne de presse sur l’Ardèche
On se souvient de l’article paru dans Le Monde du 1er septembre 2017 signé par Lucie Guimier et inspiré de sa thèse soutenue le 7 novembre 2016 sur le thème Approche géopolitique de la résistance aux vaccinations en France : le cas de l’épidémie de rougeole de 2008-2011.
Lucie Guinier développait abondamment dans cet ar- ticle l’exemple de l’Ardèche département parmi « les moins bien vaccinés » ce qui comportait « des consé- quences épidémiologiques directes ». S’appuyant sur l’épidémie que la région d’Ardoix avait connu en août 2017 avec six cas déclarés dont quatre ayant nécessité une hospitalisation, elle attribuait le fait à un « vaccino- scepticisme assez courant dans certains territoires ar- déchois et notamment dans le sud du département, où la seule évocation des Cévennes convoque un tableau coloré de mouvements contestataires qui puise ses ra- cines dans les temps de l’histoire... ». Et de convoquer
1. Chiffres communiqués par Santé publique France. C’est toute l’Europe qui est atteinte par cette épidémie, en particulier l’Italie avec quelque 5 000 cas en 2017.
2. Article 49 de la loi n°2017-1836 du 30 décembre 2017 qui concerne onze vaccinations (la vaccination ROR couvrant trois d’entre elles).
139 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018