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Les Amis de Vesseaux, n°21 - 2018
Comme chaque année, l’association Les Amis de Vesseaux nous livre avec son bulletin un dossier qui, pour concerner le village et ses abords, présente un intérêt pour l’Ardèche et au-delà...
Il s’agit cette année d’une étude sur la vigne.
Cinq contributions viennent illustrer le thème avec tout d’abord et de manière naturelle, l’analyse des cépages anciens que présente Françoise Boiron. A tout seigneur (si l’on peut dire) tout honneur, le célèbre Clinton, hybride naturel issu des Etats-Unis et anciennement utilisé comme porte-greffe. On sait qu’il fut interdit mais il arrive qu’on le rencontre ici et là sous quelque tonnelle. Moins connus, l’Isabelle, plus ancienne espèce américaine connue, introduite en France en 1862, mais pour l’ornement ; le Concord, cousin d’Isabelle, le Baco noir, cépage vigoureux, lui aussi présent dans les tonnelles.
Mais aujourd’hui, en 2018 à Vesseaux, ce sont les Gamay, Cinsault, Grenache, la Syrah, le Viognier et le Chardonnay qui sont en production de vins connus en Ardèche et ailleurs. Françoise Boiron nous renseigne sur l’origine de ces cépages : le Cinsault et le Grenache, cépages du midi, le second d’Espagne, la Syrah venu après croisement des côtes du Rhône mais désormais bien connue en Ardèche, le Viognier, un nouvel arrivant depuis quelques années sur un marché en pleine expansion, en n le Chardonnay, un grand cru, à l’origine d’un vin de grande qualité.
Beyrouth doit son nom au fait qu’il fut apporté du Liban en 1883 par un négociant en soie pour être cultivé tout d’abord dans la région de Cavaillon. Il s’agit en fait du Rhazaki, sa véritable appellation. L’Alphonse Lavallée doit son nom, lui, à un pépinièriste de la région d’Orléans. Le Muscat de Hambourg et le Cardinal, ce dernier venu des Etats-Unis en 1946, complètent l’éventail des productions sur les terres de Vesseaux.
Après introduction aux cépages, l’Histoire reprend sa place avec l’article bien venu de Marie Garnier, dy-
namique présidente des Amis de Vesseaux, qui nous introduit au hameau de Chauliac en s’interrogeant sur une possible villa gallo-romaine sur le site. Valle Vessi- lica, aujourd’hui Vesseaux, appartenait alors à la Pro- vincia Romana de la Narbonnaise (-54 à 450 ap. J.-C.), une période pendant laquelle nombre de vétérans des armées romaines s’étaient vus attribuer, pour services rendus, des domaines agricoles. Une période également qui a laissé comme souvent en Ardèche des traces vives dans la toponymie des terres, des reliefs mais aussi des hameaux.
La présence gallo-romaine est par ailleurs attestée à Vesseaux par les tegulae et des blocs de pierre taillées retrouvées au lieu-dit des Cayres. Le quartier appelé « La Route », ancienne via rupta, pourrait désigner une ancienne voie romaine qui devait donner un peu plus loin L’Estrade (la strada). D’autres témoins de l’Antiquité se trouvent ici et là dans la toponymie.
Il en est ainsi de la Ferme de Caulius qui pouvait se trouver au bord d’une voie romaine. Une ferme érigée selon le plan traditionnel des villae décrit par Caton l’Ancien dans son De Agricultura avec notamment un cellier et son fouloir, une cuve de fermentation et des amphores (doliæ) destinées à conserver et transporter le vin. Marie Garnier rappelle que d’autres auteurs latins ont décrit le geste du viticulteur comme plus tard Olivier de Serres mais c’est à l’agronome romain (né à Cadix) Columelle (Ier siècle) qu’elle fait longuement référence pour décrire l’organisation des vendanges et de la vini cation, une vini cation conduite sans doute par Caulius dans sa ferme de l’actuel hameau de Chauliac auquel il a légué son nom.
Autre témoin de l’histoire viti et vinicole de Vesseaux que nous présente Marie Garnier, le fouloir rupestre ou cuve vinaire identi ée comme telle par les Amis de Vesseaux et le regretté Michel Rouvière. Il convient bien sûr d’être prudent sur la nature exacte de cette récente découverte en attendant une con rmation que pourrait apporter quelque document manuscrit, notarié par exemple.
Et pour donner encore plus d’humanité à un sujet qui n’en manque pas, Francis Chaussadent nous conte en quelques lignes le comportement pour le moins original d’un viticulteur vessaudenche qui décida de planter ses ceps de vigne de manière à ce qu’ils dessinent les lettres R F (République Française) et ce avec d’autant plus de visibilité pour le passant que leur feuillage automnale présentait une couleur d’un rouge éclatant... Belle démonstration de patriotisme !
De vin il est encore question avec « Un café de village dans les années 1930-1943 », un récit de Paulette Chapus-Durand, elle-même  lle de cafetier et dont les parents ouvrirent un café « dans le fond de Vesseaux »
On n’oublie pas les raisins de table ; ils ont également leur place sur les terres vessaudenches. Le Dattier de
 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018 146




















































































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