Page 16 - matp
P. 16
La région de Monastir tenue par les troupes françaises de 1917 à 1918
les arrières. A minuit on nous apprend que Prilep et Kakouvé sont prises. A 4 h le capitaine m’appelle. Il faut ressortir et aller voir s’ils sont toujours là. Un groupe arrive aux tranchées ennemies et saute les barbelés. Personne dedans. On m’avertit et aussitôt je pars en avant avec toute ma section et toute la ligne de front décolle. Nous sautons dans leurs tranchées et nous nous installons au-delà de leur 1ère ligne. Vers 10 h, on reprend le mouvement en avant.
29 octobre : Il fait beau. On arrive près de la frontiè- re bulgare. On nous dit que la division a perdu 120 che- vaux et mulets pendant cette dernière étape. Il est vrai que ces pauvres bêtes ne voient pas souvent l’avoine. A la compagnie sur 5 mulets 3 étaient raides au matin. Les hommes résistent mieux que les bêtes.
30 octobre : Nous repartons et traversons Polenka. Après la ville il y a le col frontière à s’appuyer, hauteur 2 500 mètres. A mesure que l’on grimpe il fait froid et arrivons au col où il neige. Gros embouteillage d’ar- tillerie et de différents convois. On passe le col à 12 h et on prend la descente. On arrive à 14 h à la 1ère gare bulgare. »
De là, le train conduit le 40ème RI à So a. Au cours de ce trajet en train, un soldat de la section de Roure se tue par imprudence et celui-ci est rendu responsable comme chef de wagon, de cet accident. Il est rétrogradé sergent et souffre de ce qu’il considère comme une in- justice. En novembre le régiment traverse le Danube et pénètre en Roumanie, acclamé par la population. Il est à Alexandrina le 20 novembre et à Bucarest le 30.
« 11 novembre : On nous apprend l’armistice avec l’Allemagne. Puisse être la bonne paix pour qu’on puisse quitter ce sale métier où nous croupissons de- puis plus de 4 ans...
12 novembre : A 9 h 30 nous embarquons et à 10 h 30 le bateau démarre pour traverser le Danube. On quitte la Bulgarie et à 11 h nous mettons pied à terre sur le sol roumain (la Dobroudja). On est reçu aux cris de « Vive la France » et les femmes surtout nous donnent des eurs.
26 septembre : Le bataillon repart en avant à l’aube. Grosse chaleur, on en “rote” pour grimper en plein midi et on repart aussitôt pour les avant-postes.
On n’a pas eu de ravitaillement et tout le monde rouspète. On trouve des jardins et on se rabat sur les tomates vertes.
Du 27 au 30 septembre : On continue à avancer à raison de 20 km environ par jour. Presque pas de route, on est souvent dans les bois. L’on est vanné et on se ravitaille comme on peut dans le pays. »
Début octobre 1918, l’avance reprend vers Velès par des marches de 20 à 25 kilomètres par jour qui condui- sent la division en Bulgarie le 1er novembre.
« 10 octobre : Nous repartons avec la ville de Velès pour direction. Marche très dure à cause de l’encom- brement, de la boue et de la pluie. Des colonnes de pri- sonniers bulgares qui sont dirigés vers l’arrière nous croisent en sens inverse.
24 octobre au 28 octobre : Repos. Tous les 4 jours, 1 jour de repos. On s’appuie une moyenne de 20 à 25 km par jour.
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018
14