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19 au 21 novembre : On repart. On fait 20 km le 19 et 15 le 20. On arrive à Alexandrina.
23 au 25 novembre : Encore 3 étapes de 20 km.
25 novembre : On arrive à 18 km de Bucarest. Les civils sont gentils. »
Roure et son régiment stationnent dans la capitale jusqu’au début de janvier 1919 après être intervenu à Roustchouk et Georgiou (?) en décembre pour maintenir l’ordre.
« 28 novembre : Il est 12 h quand on démarre pour Bucarest. On arrive à 16 h 30 et la population nous accueille avec une pluie de eurs et aux cris de “Vive la France”. On est cantonné dans une caserne.
1er décembre : A 11 h, la princesse Elisabeth ouvre le cortège dans un landau découvert. Toute le population crie et jette des gerbes de eurs. Les avions nous survolent. Après, le roi, la reine et le général Berthelot à cheval, après le prince Carol et puis l’armée roumaine ou ce qui en restait. Les Anglais dé lent ensuite et les Français en dernier qui sont de beaucoup les plus
4. La campagne de Charles Boulle
Charles Boulle est né le 5 novembre 1884 à Saint- Remèze. Il est incorporé en janvier 1915 et affecté à la 15ème section d’in rmiers militaires qui regroupe pour la Région militaire de Marseille le personnel auxiliaire du Service de Santé. Après une période d’instruction à Marseille (caserne Le Rouet), il est désigné, début mars 1916, comme vaguemestre au Palace Hôtel de Nice, devenu hôpital complémentaire N°31. Il assure cette fonction jusqu’à n janvier 1916 date à laquelle il est affecté à l’Armée d’Orient et rejoint la base de Corfou où a été regroupée l’armée serbe après sa retraite d’Albanie. Il demeure à Corfou en 1916 et 1917, d’abord à la direction du Service de Santé de la base, puis à l’hôpital Achilleion, ancien palais de Guillaume II, réquisitionné. Dans cet hôpital, il est employé comme in rmier en salle des of ciers serbes puis français, serveur au mess des of ciers ou ordonnance, en n chargé d’un magasin d’approvisionnement de la base de Corfou. Après un séjour à Marseille début 1918 au centre de transit American Park, il est à nouveau affecté à Corfou à la Réserve du personnel sanitaire puis envoyé à ce titre à Salonique où il est désigné en juin 1918 pour rejoindre la 11ème ambulance alpine, attaché peut-être à la 30ème DI, avec laquelle il participe à la n de la campagne de l’Armée d’Orient en Bulgarie et en Roumanie. En janvier 1919, après un séjour à Bucarest, il est à nouveau à Salonique d’où il est démobilisé en mars.
Charles Boulle a laissé un lot de lettres adressées à sa femme mais celles-ci ont surtout un caractère personnel
avec des nouvelles de la famille et des avis et conseils sur la conduite par sa femme de sa propriété de Saint- Remèze, ainsi que le souci de suivre l’acheminement de son courrier et des colis. Par crainte de la censure, il donne très rarement des indications sur ses fonctions ou sa situation.
« 1er février 1916 : C’est maintenant décidé, je pars demain pour Toulon et Corfou où je serai à l’abri des
acclamés “Vive les Poilus, Vive la France”. Un monde fou, impossible de circuler.
2 et 3 décembre : A 15 h solde. Diminution pour moi 13 jours d’adjudant et 15 de sergent. Les nouvelles ne sont pas récentes. Beaucoup de malades au pays. On parle me dit-on de la grippe espagnole. Ici à la division il en meurt aussi. Le 2 on en a enterré neuf.
3 janvier : Nous partons à 9 h du cantonnement pour arriver à Bucarest à 12 h 30 avec les camions Berliet qui effectuent le ravitaillement. Il fait beau.
6 janvier : On attend avec impatience le départ. Que les journées sont longues à Bucarest. »
Après avoir attendu jusqu’au 20 janvier, Roure rejoint le port de Constanza d’où un bateau russe le ramène à Salonique pour le 7 février. En n, le 22 février un médiocre cargo charbonnier embarque le contingent rapatriable dont fait partie Roure et rallie Marseille le 2 mars 1919.
Roure retrouve sa famille à Privas le 4 mars. Il devra attendre encore le 1er juillet 1919 pour être démobilisé et reprendre son travail civil !
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Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018