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Louis Pize (1892-1976)
Quand on évoque Louis Pize c’est bien sûr d’abord au poète que l’on pense. Cet amoureux de l’Ardèche ami de Forot, participa avec lui à l’aventure du Pigeonnier, à la Revue du Vivarais, à la Revue des Deux Mondes...
Nous avons l’image d’un homme humble, discret, pudique, accessible à tous ceux dont l’idéal était comme pour lui « d’avoir à tous les biens préféré la beauté » (Michel Evieux).
Et pourtant :
Louis Pize a 20 ans en 1912, l’âge du service militaire. Il aurait dû être recruté au bureau de Pont-Saint-Esprit et gurer sur les registres matricules des Archives du Gard. Mais Louis n’y gure pas, pas plus que dans la Drôme, ni l’Isère, ni la Loire. C’est nalement dans les Archives du Rhône qu’on le trouve, étudiant en droit à Lyon. Il est mobilisé pour trois ans en 1913, il est donc déjà soldat au moment de la déclaration de la guerre. Il est affecté au 99ème Régiment d’Infanterie (1).
Départ de Lyon le 6 août, il sera blessé dès le 28 dans la contre-attaque pour reprendre Saint-Dié, sans doute au piton Saint-Roch (2).
De l’hôpital il écrit à Joseph de Montgros qui dirige le journal de l’Action Catholique de la Jeunesse Française La Gerbe :
Cinq balles dans la peau (La Gerbe n°21 sept.-oct.-nov. 1914)
« Je choisis ce jour pour vous écrire parce qu’il est très beau et que mon cœur est en fête.
Daniel GAY
Voilà, j’ai fait ce matin la sainte communion et j’ai entendu la sainte messe pour la première fois depuis deux mois et voilà pourquoi je suis heureux, et je pense à vous, car ces moments-là, je les dois à notre œuvre...
Oui, il y a deux mois que j’ai quitté la garnison pour les montagnes d’Alsace où, après des fortunes diverses, nous avons été obligés de nous replier sur Saint-Dié où j’ai reçu cinq blessures qui m’ont cloué à l’hôpital depuis le 27 août jusqu’à ce jour.
Heureusement que le Bon Dieu a voulu que je souffre, mais non pas me retirer la vie et les trous que les balles allemandes ont fait à ma peau n’ont fait que me faire souvenir des cinq plaies combien plus affreuses que nos péchés ont fait sur le corps sacré du Christ...
X... » (3).
1. Source : registre matricule de 1912, bureau Lyon central, numéro 1110.
2. La marche du 99ème R.I. par le Lieutenant-Colonel D. Micumet, avril 1932.
3. Cette signature apparemment anonyme est bien celle de Louis Pize : la date et le lieu correspondent bien.
49 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018