Page 53 - matp
P. 53

Son état de santé reste fragile. La guérison de sa blessure traîne, compliquée d’une bronchite chronique. Il est versé dans le service auxiliaire à l’état-major. Il s’éloigne du front, mais continue sa collaboration avec La Gerbe pour rester en contact avec ses camarades de combat mais aussi pour « entretenir la  amme » dans les groupes de jeunes restés au pays.
Ré exions pour le temps des morts (La Gerbe octobre 1917)
« Depuis la vallée du Rhône, où l’automne déjà glacial effeuillera, par rafales, les peupliers des rives, jusqu’aux douces collines du Bas-Vivarais, jusqu’aux plateaux du Haut-Vivarais où la brume noie confusément les sapins, les mélèzes et les prairies, novembre répandant partout sa tristesse uniforme ébranlera, dans les clochers de granit, le glas du jour des morts... Ce n’est pas cette année encore que la jeunesse catholique du Vivarais se retrouvera groupée dans chaque paroisse, à l’effectif complet de ses survivants, évoquant le souvenir de ses morts et priant pour que Dieu leur donne le repos.
  Militante et souffrante, la jeunesse catholique est dispersée... Elle est au front, elle est dans les hôpitaux, les dépôts, les camps de prisonniers ; elle est aussi, hélas ! dans les tombes hâti- vement creusées, sous les petites croix de bois ; elle est parmi les héros inconnus qui n’ont pas encore de sépulture et qui attendent le jugement, “couchés dessus le sol à la face de Dieu”...
En ces jours de recueillement, ces quelques pensées, et beaucoup d’autres encore, rempliront tout naturellement les méditations de nos amis qui, soit à la faveur d’une heure d’accalmie, soit, pour ceux demeurés au pays, dans l’église du village, auront suivi, sur leur paroissien, les prières pour les défunts, et auront énuméré, dans le Memento qui suit l’élévation, la longue liste des noms aimés ; on participe vraiment à un of ce qu’en s’unissant au prêtre pour en réciter les prières et les formules liturgiques s’adapteront éternellement aux mouvements de l’âme humaine.
Dans ces existences fauchées que notre mémoire se plait à reconstituer avec une doulou- reuse insistance, nous rechercherons les exemples de Piété, d’Etude et d’Action, de ceux qui sont allés se reposer dans le Seigneur et que leurs œuvres accompagnent...
Sous leur bienfaisante in uence, encore, tous les jeunes, où qu’ils se trouvent, continueront leur tradition si noblement commencée, avant et pendant la guerre. Ah ! que nos saints et glorieux disparus restent avec nous, ou plutôt, qu’ils soient plus vivants que nous ; qu’ils agissent dans nos actes, qu’ils parlent dans nos paroles, qu’ils pensent dans nos pensées ; qu’ils conduisent, qu’ils soutiennent nos efforts pour être meilleurs, en nous-même, autour de nous avec nos semblables. Que leur tradition, conservée par nous, se continue à travers ceux qui, à leur tour, nous remplaceront jusqu’au jour où la mort sera ensevelie dans la victoire.
Louis Pize
du groupe de Lalouvesc. »
 Lalouvesc
51 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018
























































































   51   52   53   54   55