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A l’hôpital, blessé (lettre publiée dans La Gerbe n°21 du 1er septembre 1914 page 369)
« Vous n’avez pas idée de ce qu’un hôpital peut être gai en temps de guerre, lorsqu’il est dirigé par ces messieurs de la Fédération du Centre (sous-entendu de l’ACJF Centre-Ardèche). De Montgros est un délicieux in rmier, il n’a qu’une manie, il faut qu’il balaye, balaye, balaye sans cesse. Il a été décidé de lui offrir un balai d’honneur. Gras trottine de tous côtés avec son bon sourire. M. Chabert qui est très heureux au fond que tout marche à souhait se croit obligé, de temps à autres, de montrer des velléités de mauvaise humeur se prétendant inutile ici et réclamant à cor et à cri une place dans les tranchées. Tout ça pour qu’on lui af rme qu’il est indispensable là où il est.
  Pour ce qui est de moi, l’abbé J... a dû vous dire que je suis le mieux portant des blessés de cette terre. J’attends toujours un départ prochain pour le front, prêt à repartir avec une nouvelle ardeur que Mme Chabert essaie d’attiédir au moyen de la cuisine exquise de Flaviac. Hannibal à Capoue, quoi !
Il est bien entendu que M. de M... décline toute responsabilité dans les sottises que je vous écris.
X. V.
Du Groupe de Pailharès. »
Si certains, qui ne s’en cachent pas, espèrent la « bonne blessure » qui les renverra dans leurs foyers, Xavier Vallat intègre les siennes dans sa perception du combat et en fait un épisode qu’il considère comme normal au service de la France et de Dieu.
Blessé pour la deuxième fois, Marseille ce 28 novembre (lettre publiée dans La Gerbe n°22 du 1er décembre 1914 page 390)
« ... Je ne sais pas pourquoi j’ai eu la bêtise de me placer sur le passage d’une balle de “shrapnel”. La balle, avec une politesse toute allemande, frappa avant d’entrer puis une fois à l’intérieur et s’y trouvant bien, s’installa confortablement en mes entrailles.
  Depuis, je me suis révolté contre l’idée de nourrir plus longtemps ce parasite aussi gênant que sans gêne et je l’ai fait proprement expulser.
Me voilà maintenant complètement remis de cette petite émotion, tout frétillant que je pourrai bientôt aller rejoindre pour la troisième fois les camarades que les Boches auront bien voulu me laisser.
Priez un peu pour que ma prochaine blessure ne me laisse pas plus de mauvais souvenirs que les deux premières.
X. V.
Du Groupe de Pailharès. »
 Serrières - Hôpital militaire n°136bis
55 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018



















































































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