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préfecture de l’Ardèche, un bilan de la situation est dressé pour les deux premières années du con it :
« Etant donné les circonstances, l’état de guerre, la mobilisation des hommes les plus valides, il y a lieu de s’estimer heureux et presque étonnés de l’activité industrielle qui existe encore dans le département ».
Lors de la même séance, l’inspecteur départemental du travail du Gard fait un rapport sur l’arrondissement de Largentière qui dépend du Gard :
« Les industriels se plaignent du manque de personnel mais la principale raison à l’abandon des  latures est due à la faiblesse des salaires » (6).
La circulaire ministérielle du 20 juillet 1916 interdit l’emploi d’ouvriers mobilisés pour les travaux pouvant être effectués par des femmes.
En Ardèche, les réquisitions d’entreprises sont peu nombreuses par rapport à d’autres départements, ce qu’explique un télégramme du préfet au ministre de l’Intérieur le 3 octobre 1915 (7) :
« Le département de l’Ardèche est essentiellement agricole. En dehors d’Annonay, il offre peu de res- sources aux ouvriers des villes ».
Dans un document du 22 janvier 1945, la famille Tourrette de Saint-Privat rappelle : « Pendant la guerre de 1914-18, nous avons, pendant une certaine période, fabriqué des bouchons d’obus dans notre petit atelier d’entretien (Cassagne n°3 sur le Luol). Par la suite, nous avons remplacé cette fabrication par celle d’effets vestimentaires pour la troupe : capotes, musettes, caleçons... que nous faisions couper et confectionner par notre personnel féminin avec le tissu fourni par l’Intendance ».
- Les moulinages
Les « fabriques », nombreuses en Ardèche depuis le XIXe siècle, emploient une forte proportion de main-d’œuvre féminine : environ 80% (cf. ci-dessous carte photo de l’ « Usine de la Soie » à Saint-Privat en 1916). Avec la guerre, le nombre de moulinages diminue de 20% car des hommes sont mobilisés, du personnel féminin quitte des fabriques pour continuer à mettre en valeur l’exploitation familiale ou a contrario la fermeture d’usines libère de la main-d’œuvre féminine pour les travaux des champs et alors qu’une préoccupation nouvelle surgit pour les fabriques : la rareté de la soie. Aussi des jeunes  lles et des femmes quittent les campagnes pour la ville à la recherche d’un travail. Lors de la réunion du 3 janvier 1917 le sous- comité départemental consultatif d’action économique
  6. AD07 6 M 503. 7. AD07 4 M 415.
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Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018






















































































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