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propose la création de centres de confection militaire et d’ouvroirs municipaux pour lutter contre le chômage et enrayer l’émigration féminine vers les centres industriels, responsable de la déserti cation des campagnes. Il précise : « L’attrait de la ville conjure à jamais tout esprit de retour ».
- Les mégisseries et tanneries annonéennes
Les jeunes lles devenant in rmières sont plongées dans un univers masculin, une promiscuité inenvisa- geable avant guerre.
- Des in rmières sur le front
Elisabeth Jalaguier 1890-1918
Elle naît à Nîmes mais sa famille maternelle est originaire de Vallon où son nom est gravé sur le monument aux morts. Après une formation à la Croix Rouge, elle sert dès 1914 comme in rmière militaire dans diverses ambulances de campagne. En 1918, elle se trouve à Pierrefonds (Oise) où elle soigne des blessés. Elle est déchiquetée dans la nuit du 20 août par l’explosion d’une bombe larguée d’un avion allemand. Inhumée au cimetière de Pierrefonds, elle est citée à l’ordre de l’armée avec attribution de la Croix de guerre avec palme. En mai 1919, Clemenceau la fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. En 1933, est érigé à Pierrefonds un monument national dédié aux in rmières tuées à l’ennemi.
Marie Misery 1873 à Quintenas - 1973 à Annonay
Une même ville : Annonay, deux secteurs d’activité proches mais deux situations différentes. Alors que les tanneries emploient dès avant-guerre des femmes, les mégisseries n’ont qu’une main-d’œuvre masculine. Les mégisseries doivent faire face à de nombreuses dif cultés pour remplacer leur personnel mobilisé d’où l’appel à des femmes dès la n de l’année 1914. Cette main-d’œuvre bon marché (en août 1916 une femme gagne 3,25 F par jour tandis qu’un mégissier touche 7 F) représente 20% des effectifs de cette branche. Début août 1916 le con it se cristallise sur l’emploi des femmes dans les mégisseries et l’ensemble des ouvriers menace de faire grève si les salaires ne sont pas augmentés et si les ouvrières ne sont pas renvoyées « a n de ne pas laisser avilir les salaires... ».
Le 17 août le syndicat des ouvriers mégissiers accepte l’emploi des femmes mais uniquement durant le con it et les patrons doivent s’engager à les renvoyer dès la n des hostilités.
Entre août 1914 et novembre 1918, elle est in r- mière de l’Union nationale des Alliances et des Amitiés françaises Croix Rouge.
La présence des femmes a parfois accéléré la méca- nisation et avec elle l’augmentation des cadences et la tentation pour les patrons de diminuer les salaires.
- Les travailleuses à domicile
C’est la seule Ardéchoise à avoir demandé la carte du combattant qui lui a été reconnue par le ministère des Pensions le 16 juin 1933 et délivrée par le comité départemental de l’Ardèche le 24 août 1933.
La loi de 1915 xe le salaire minimum aux deux- tiers de celui des ouvrières d’usine mais nombre d’entreprises n’ont pas appliqué la législation.
Le 3 février 1919 sept in rmières, dont cinq religieuses, bénévoles du HB 34bis sont décorées de l’insigne de bronze. Il s’agit de Antoinette Bonnaure (sœur Marie Ludovic), Berthe Carle, Marie Carra (sœur Joseph André), Clémence Méjean (sœur Marie Antonine), Célina Reynier, Berthe Vanneyre (sœur Marie Stanislas), Marie Viala (sœur Saint Gabriel).
Ainsilesfemmesrestentcon néesàdestâchespeu grati antes, pénibles et sous payées.
Il aurait été intéressant d’avoir des exemples d’Ardéchoises factrices, institutrices dans des écoles de garçons, travaillant dans les mines...
Dès octobre 1914, des jeunes lles albenassiennnes se présentent à l’hôpital bénévole de Saint-Joseph pour offrir leurs services (8).
3 - Les femmes soignantes dévouées
Marie Jean, à Lussas, sur un cahier d’écolière écrit le 2 décembre 1893 :
- Les anges blancs ou Dames blanches
Ces anges blancs ont pour mission d’aider à la guérison la plus rapide possible des soldats malades ou blessés a n qu’ils rejoignent leurs camarades sur le front. Ainsi le 3 octobre 1915 un major inspecteur du grade de colonel visite le HB 34bis et ordonne le départ de bon nombre de militaires, avec passage par Privas avant de retrouver les tranchées.
Les in rmières représentent l’élément féminin ambivalent (la mère, la femme), la douceur, le rêve, la tentation, l’espérance en demain, la vie pour les poilus
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« Instruction civique - Devoirs des femmes envers la Patrie.
En temps de guerre, la femme sert aussi la Patrie en prodiguant ses soins aux soldats malades et blessés ».
Ainsi « la femme est l’in rmière née ».
Ce métier d’in rmière a deux origines : l’Assistan- ce Publique et la Croix Rouge sans oublier les religieu- ses.
8. Archives des sœurs de Saint-Joseph.
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018
Des soignantes à l’arrière : exemples à Aubenas