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Bien considérer qu’il vaut mieux avoir un quignon de pain chaque jour que point du tout ».
Quelques exemples de la hausse des prix :
Elles sont observées, confrontées au temps long du deuil et de la solitude.
Les pommes de terre se vendaient durant l’hiver 1916-17 18 et 20 F les 100 kg puis jusqu’à 35 et 70 F en septembre 1918.
Jeunes femmes pour la plupart, la question délicate de leur remariage se pose, pas qu’a franchi pour l’en- semble du pays presque la moitié des veuves.
Le pain se vendait durant l’hiver 1916-17 0 F 45 le kgpuis0F55en1917,0F60en1918,1Fen1920, 1 F 15 en 1921.
Les veuves sont tutrices de leurs enfants mais el- les sont assistées d’un conseil de famille pour tout ce qui concerne leur vie quotidienne et la gestion de leurs biens.
Aussi le maire de Ailhon s’interroge en juillet 1918 : « Faut- il donc que toute la race périsse, ceux du front par les balles et ceux de l’arrière par une nuisible alimentation ! »
La grande guerre a fait 760 000 orphelins.
La loi du 3 juillet 1915 permet aux femmes d’assu- mer de façon temporaire « les pleins pouvoirs pater- nel ».
Le départ de l’homme à la guerre, et cela sur la durée, donne de fait à la femme le statut de chef de famille avec parfois des dif cultés lorsqu’elle doit cohabiter avec ses parents ou ses beaux-parents. Elle a donc de nouvelles responsabilités tant économiques que sociales et cesse d’être l’éternelle mineure, soumise à l’autorité paternelle ou maritale.
3 - Quelques cas particuliers
- Les femmes vivant en couple avec un homme et cela sans être mariées.
La lettre de Marie-Louise Vidil, adressée au maire pour lui demander les papiers nécessaires à son maria- ge avec son compagnon parti au front, est signi cative de cette situation, hors de l’ordinaire pour l’époque, situation qui génère la peur du qu’en dira-t-on si elle venait à être découverte. A n de limiter les risques, elle souhaite que les papiers lui soient envoyés à son nom de future femme mariée. Ce courrier montre les limites de la liberté des femmes dans leur vie de tous les jours, la nécessité de ne pas déroger à des règles pré-établies sans consultation préalable des premières concernées.
La lecture de cette lettre amène aussi à se demander si cette dame n’est pas enceinte d’où ce désir double- ment compréhensible de régulariser le plus rapidement possible sa situation en épousant son poilu de compa- gnon lors d’une permission à moins que ce ne soit la crainte de la mort prématurée de son ami qui la ver- rait être mise au ban de la société n’étant pas veuve de guerre.
Pour obtenir une pension de veuve de guerre, le mari doit être tombé au front.
- Les veuves de guerre ou veuves noires
Elles sont 700 000 à 800 000 en France soit ap- proximativement la moitié du nombre de poilus morts. A partir de cette donnée peut-on estimer qu’elles sont 7 000 en Ardèche pour 14 300 morts pour la Patrie ? L’Ardèche, département rural, appartient à « la France des femmes en noir. »
Les quatre enfants âgés de 4 à 10 ans de Mme veuve Méjean de Vals-les-Bains, dont le mari Louis a été tué à l’ennemi le 28 juin 1916, obtiennent la qualité de Pupilles de la Nation. La loi du 27 juillet 1917 instaure l’adoption par la nation et confère le statut de pupille aux enfants victimes de la guerre. Environ 9 400 enfants ont été adoptés par la nation en Ardèche.
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Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018
Les autres ont vécu dans le souvenir. Elles véhicu- lent une « culture de guerre ».
- Etre chef de famille
- Les veuves blanches
Ce sont des femmes dont le promis est décédé sur les champs de bataille. Dans Passions de l, ouvrage paru en 2017, Georgette et Jeannine parlent de leur grand-mère dont le ancé est mort à la guerre. Elle a