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épousé le frère de son promis : « Je l’aimais pas, mais c’était mon devoir... Mais je suis pas été heureuse. »
- Les marraines de guerre, « anges consolateurs »
Les marraines de guerre sont des jeunes femmes ou, plus souvent, des jeunes  lles qui acceptent de correspondre avec des poilus. Pour ces combattants du front, l’arrivée d’une lettre est un réconfort, un rayon de soleil dans les jours sombres.
le mariage le 22 février 1919. Leurs descendants sont Ardéchois.
- Les réfugiés
A la première lettre de Paul Hugon de Lyon (1893- 1926), datée du 29 décembre 1917, Juliette Chapotat de Lyon également (1894-1972) répond le 6 janvier 1918. Leurs échanges épistolaires vont au  l des mois devenir presque quotidiens et montrer une évolution de leurs sentiments mais toujours avec la guerre en toile de fond.
« Conformément aux instructions de votre circulaire du 1er septembre, j’ai l’honneur de vous faire connaître que le nombre de bouches inutiles en provenance des places fortes et des étrangers évacués sur mon dépar- tement s’élèvent à 4 750 environ dont 2 818 Français, 1 800 Alsaciens-Lorrains et 32 Belges » (25).
Les en-têtes et formules  nales des lettres tradui- sent, avec pudeur, l’évolution de leurs sentiments res- pectifs.
Les bouches inutiles de Longwy, Belfort, Epinal, Verdun, Toul, Besançon... sont évacuées dès le premier jour de la mobilisation, pour laisser la place et les vivres aux combattants. L’Etat avait « le devoir absolu d’assurer le logement et la subsistance » à ces bouches inutiles. L’expression, dans le contexte de l’époque est dénuée de connotation péjorative et toujours associée à place forte.
Par une circulaire du 1er décembre 1914 l’Etat verse aux réfugiés une allocation journalière de 1,25 F par adulte et 0,50 F par enfant (1 kg de pain coûte à Lamastre au même moment 0,45 F). La commune fournit les repas de bienvenue et les choses de première nécessité : nourriture, vin, médicaments, chaussures, vêtements, ce dont témoignent les factures conservées.
Ainsi de Juliette à Paul : « Monsieur... », « Cher  lleul... », « Mon cher Paul... », « Mon cher petit Paul... », « Mon cher petit mari... », « Mon bien cher petit mari... », « Mon petit mari chéri... ».
« Votre marraine... », « Votre future  ancée... », « Votre Juju... », « Votre future petite femme... ».
Paul a baptisé sa pièce d’artillerie « Juliette ». En juillet 1918, une permission permet la première rencontre ; une autre suivra en novembre-décembre 1918 avant une troisième, courte, le temps de célébrer
L’Ardèche a accueilli dès les premières semaines du con it 5 000 réfugiés. Ce nombre  uctuera au  l du temps. Parmi eux se trouvent essentiellement des femmes, des enfants et des vieillards dénommés bouches inutiles.
  Paul Hugon et Juliette Chapotat
25. Extrait d’un rapport du préfet au ministre de l’Intérieur, 19 septembre 1914, AD07 4 M 323 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018 82
 


















































































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