Page 15 - LUX in NOCTE n°1
P. 15

Félix de Vuillefroy Cassini -





                      Félix de Vuillefroy-Cassini (1841-1916) fut une personnalité brillante, aussi bien
               maire de Thury, peintre qu’entomologiste, fils du sénateur Charles-Amédée de Vuillefroy
               (1810-1878) et de Félicie Feuillade (1822-1843), décédée alors qu’il n’avait que deux
               ans.  Ses  biographes  dans  la  presse  artistique  de  la  fin  du  XIXème  siècle  aiment  à
               dépeindre un artiste ayant renoncé aux fastes du Conseil d’Etat pour l’aventure de la vie
               d’artiste, de bohème.

                      En effet, après une enfance passée entre Paris et le château familial de Fillerval
               (héritage des Cassini, dont la grand-mère de l’artiste était la dernière descendante), Félix
               suivit la tradition familiale et entama des études de droit. Une fois licencié en droit, il
               prépara le concours et entra au Conseil d’Etat comme auditeur de seconde classe le 25
               juin 1864, à la section de Législation, Justice et Affaires étrangères. Commence alors sa
               courte  carrière  au  Conseil  d’Etat  :  en  1865  il  passa  à  la  section  des  Finances,  de

               l’Agriculture et du Commerce et, le 31 décembre 1866, il est promu auditeur de première
               classe.
                      Courte carrière car il sentait bien que « la poussière des dossiers » du Conseil d’Etat    14
               n’était pas faite pour lui, il était plus attiré par l’étude des sciences naturelles à l’exemple
               de  ses  ancêtres  Cassini,  ainsi  en  1865  il  fit  un  voyage  en  Espagne  avec  la  Société
               d’Entomologie  de  France.  Le  jeune  homme  traversa  alors  l’Espagne,  découvrit  ces
               paysages qui marqueront une partie de son œuvre, c’est aussi au court de cette expédition

               que  fut  répertorié  l’insecte  «  nebria  Vuillefroyi  »,  baptisé  en  l’honneur  du  jeune
               entomologiste.
                      Parallèlement à cette passion pour les sciences naissait un intérêt pour la peinture,
               et notamment pour l’Ecole de Barbizon. L’anecdote du jeune Vuillefroy cherchant des
               fougères ou des insectes, rencontrant par hasard des peintres peignant le motif dans la
               forêt de Barbizon est souvent racontée non sans romance. Mais le fait est qu’il fréquenta

               les artistes installés en forêt de Fontainebleau et notamment Jean-François Millet (1814-
               1875) et Félix Ziem (1821-1911).
                      Vuillefroy  décida  alors  d’abandonner  le  Conseil  d’Etat  en  juin  1869,  d’aller  à
               l’encontre de la volonté paternelle, et de devenir artiste peintre. Il était entré dans un
               premier temps dans l’Académie Suisse puis dans l’atelier d’Ernest Hébert (1817-1908)
               qui  devait  être  rapidement  confié  à  Léon  Bonnat  (1833-1922)  en  raison  du  départ
               d’Hébert pour Rome. Félix de Vuillefroy exposa pour la première fois au Salon en 1867,
               ce fut le début d’une longue carrière officielle qui ne prendra fin qu’en 1913, date de son

               dernier Salon.
                      Il devient alors un peintre animalier, ses toiles sont essentiellement consacrées au
               motif de la vache. Bien qu’il ait peint d’autres sujets, cette thématique fut très importante
               et prend tout son sens dans le contexte politique de la Troisième République. En effet, la
               jeune république, soucieuse de stabilité, encouragea cette peinture « du terroir », exaltant
   10   11   12   13   14   15   16   17   18   19   20