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ANNEXES 7 :
Des bracelets d'or.
Arsinde, femme de Guillaume, comte de Toulouse vers la fin du Xè siècle,
était affligée d'une stérilité qui lui ôtait l'espoir de donner un héritier au nom illustre
de son époux. Pleine de goût pour les riches parures, elle possédait deux bracelets
merveilleux ou plutôt deux manches d'or émaillées de pierres précieuses et d'un
travail remarquable, qui s'adaptaient aux coudes et retombaient jusqu'à terre.
Une nuit, étant dans sa couche, elle vit apparaître une jeune vierge, dont la
beauté éclatante et toute céleste la rendit muette d'admiration. Après quelques
instants d'étonnement, la comtesse lui dit :
− Dites-moi, s'il vous plaît, Madame, qui êtes-vous ?
− Comtesse, je suis sainte Foy, répondit-elle de sa voix douce.
− Ô ma sainte dame, pourquoi avez-vous daigné visiter cette pécheresse ?
− Comtesse, je veux que vous me donniez vos beaux bracelets, que vous les
portiez à Conques, dans mon monastère que j'ai en grande amitié, et que
vous les déposiez avec une grande révérence sur l'autel du Saint Sauveur.
− Ma sainte dame, dit la comtesse bien avisée, j'exécuterai vos ordres de grand
cœur, si vous daignez m'obtenir un fils de la bonté de Dieu.
− J'adresserai cette demande au créateur tout puissant, qui exaucera aussitôt la
prière de sa servante, et vous obtiendrez ce que vous désirez, si vous êtes
fidèle à votre promesse.
A ces mots, la sainte disparut et la comtesse s'endormit. Le lendemain,
29 Arsinde assista au saint sacrifice et songea à l'exécution de sa promesse. Elle
s'informa dans quel territoire Conques était situé et quel en était le chemin. La
renommée des miracles de sainte Foy avait déjà, il est vrai, pénétré dans le pays
toulousain, mais non jusqu'à la comtesse. Dans la suite, les prodiges de la sainte
firent connaître et fréquenter encore davantage le chemin de Conques.
La comtesse se mit en route toute joyeuse et accompagnée d'une suite digne
de sa noble condition. Le seigneur abbé de Conques et ses vassaux vinrent au-
devant d'elle et la reçurent avec grande joie. Ainsi escortée, elle fit son entrée dans
la ville et dans le monastère, et demanda où était du l'autel du Saint Sauveur. Le
seigneur abbé le lui montra. Alors elle se revêtit de ses plus riches parures, et
présenta au saint Sauveur les beaux bracelets d'or qu'elle avait promis ; elle les
déposa sur l'autel avec grande liesse et grande révérence. Le seigneur abbé, dans la
suite, les employa à la confection de la table d'autel ; les pierres précieuses y furent
enchâssées avec art.
La comtesse fut ensuite conduite devant sainte Foy ; on lui montra sa statue
d'or pleine de majesté. Arsinde fit alors le récit de l'apparition de la sainte, de la
demande que la glorieuse vierge lui avait adressée et de la faveur qu'elle lui avait
7 Cf Livre des Miracles de Sainte Foy 1094-1994, traduction des textes, Les Amis de la Bibliothèque Humaniste de Sélestat
(édition des Miracles de sainte Foy rapportés par Bernard d'Angers)