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constitué d’un cadre de bois sur lequel étaient tendues les cordes. Mais on jouait le
premier (le psaltérion des Grecs) en grattant les cordes alors que pour le second
(utilisé chez nous) on les frappait à l’aide de deux maillets.
Ces deux lointains cousins avaient donc, certes, des points communs mais il s’agit
tout de même de deux filiations distinctes et de deux mécaniques tout à fait
différentes également.
A l’époque baroque, le clavecin régnait en roi. Il était traditionnellement plus
grand, plus noble, plus chic et plus onéreux que le clavicorde, il était donc plus
apprécié dans la vie mondaine du 15ème siècle. Sa voix puissante et sonore
provenant de ses longues cordes pincées était mieux adaptée aux réceptions. Sa
sonorité tenait du brillant et du somptueux et correspondait parfaitement aux
fastes des cours.
49 La mécanique du clavecin – corde pincée, sautereau
Mais il avait tout de même un défaut : ses cordes pincées ne permettaient pas de
produire de « vraies » nuances.
Le clavicorde, en revanche, était petit, et de par son prix peu coûteux, fort aimé des
familles aux moyens plus restreints. De plus, grâce à son mécanisme à cordes
frappées, lui, pouvait produire de légères et subtiles variations de dynamiques.
Malheureusement, sa sonorité qui ne pouvait dépasser le pianissimo d'un clavecin,
ne lui permettait qu'un rôle modeste.
Mais au début du 18ème siècle, alors que le climat culturel en Europe évoluait
fortement, son destin a connu un revirement spectaculaire.
En effet, avec l'apparition dans la société du culte de l'Empfindung (sensibilité),
l'humble clavicorde commença à supplanter le clavecin.
Sa sonorité délicate et sa palette de colorations expressives convenant alors à la
nouvelle sensibilité de l'époque, il obtint ainsi ses lettres de noblesse.