Page 52 - Lux in Nocte 3
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est  établi  depuis  1750  environ,  ainsi  qu'en  France  où  ses  instruments  sont  très
               recherchés.  Mais  son  système  à  pilote,  quoique  léger,  ne  permettait  pas  aux
               pianistes  d'user  d'une  certaine  force  dans  l'attaque,  il  manquait  de  précision  et
               empêchait  toute  exécution  rapide.  Vers  1776,  une  nouvelle  grande  étape  dans

               l'évolution du pianoforte est franchie. Johann Andreas Stein invente un nouveau
               mécanisme à  échappement  connue sous  le  nom de  «  mécanique  viennoise  ».  Le
               marteau  se  retire  tout  de  suite  après  la  frappe,  et  se  trouve  ainsi  libéré  pour  la
               frappe suivante ce qui permet l'exécution aisée des notes répétées ou des trilles.

               En Angleterre, Zumpe, Tomkinson et Broadwood entre autres, améliorent encore
               cette mécanique et créent un nouveau système appelé « mécanisme anglais ». Celui-
               ci, plus résistant et plus lourd que celui de Stein, permet davantage de force dans
               l'attaque,  et  grâce  à  la  course  plus  rapide  du  marteau,  donne  une  sonorité  plus
               puissante que celle obtenue avec la mécanique viennoise.

               La France, elle, a hérité toutes ces recherches. Les artisans français s'inspirent tout
               principalement  de  la  technique  de  Zumpe.  Pleyel  et  Pape  connaissent  un  grand

               succès.  Mais  c'est  Sébastien  ERARD  qui  va  bouleverser  l'histoire  du  pianoforte
               avec ses améliorations et surtout l'invention du double-échappement.











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                                        Le principe du double échappement d’Erard

               Vous le voyez, la mécanique, et donc le son du piano a beaucoup évolué depuis ses
               débuts. Mais en quoi cela a-t-il donc affecté l’écriture musicale et les modes de jeux
               à l’instrument ?

               Nous avons vu que la grande supériorité du pianoforte sur le clavecin tient en sa
               capacité  à  varier  les  nuances.  C’est  donc  avec  l’apparition  du  pianoforte  et  la
               possibilité de varier l’intensité, que les compositeurs ont commencé à utiliser des
               indications plus précises sur leurs partitions pour évoquer les nuances, à utiliser des
               annotations  de  plus  en  plus  précises  pour  définir  les  différentes  attaques  et
               nouvelles  articulations  possibles.  Les  partitions  deviennent  plus  riches,  les
               compositeurs se régalent en explorant les nouvelles possibilités instrumentales. De
               nouveaux registres s’ajoutent aussi.
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