Page 56 - Lux in Nocte 3
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Que dire de Liszt ! Contemporain, ami et « rival » de Chopin, lui aussi a tellement
               apporté  au  répertoire  pianistique.  Son  écriture  a  été  influencée  elle  aussi
               énormément par les nouveaux pianos ! Liszt était même tombé sous le charme de la
               nouvelle mécanique Erard dès son plus jeune âge !

               C’est à peine à 13 ans, fraichement arrivé à Paris avec son père qui s’occupait de sa

               carrière de concertiste, qu’il découvre les premiers modèles Erard. Dès les premiers
               essais  il  s’écria  même : « Mais  quel  beau  son ! »  Impressionné  par  les  nouvelles
               possibilités de l’instrument et par ce double-échappement miraculeux, il se hâte de
               composer  pour  l’instrument  (Huit  Variations  op  1)  qu’il  va  dédier  au  facteur
               français.

               Mais il ne s’arrêtera pas là ! Dans la majorité de ses œuvres, on trouve une grande
               utilisation des octaves, autant à la main droite qu'à la main gauche, qui paraissent
               aussi naturelles que les notes simples. Il utilise aussi des grands paquets d'accords
               soit  répétés,  soit  étagés  dans  toute  l'étendue  du  clavier.  Il  écrit  des  traits  de
               virtuosité  qui  semblent  rebondir autour de  notes pivots,  échelonnés sur  tous les
               registres. Il faut encore noter l'abondance des sauts, des trilles, des trémolos, des
               notes répétées très rapides réalisables depuis l'invention de Sébastien Erard. Il fait
               souvent appel aux lignes chromatiques ou diatoniques rapides de la main droite ou
               gauche, aux successions de doubles notes en tous genres. Les accords sont souvent
               arpégés et des doigtés nouveaux sont préconisés. De plus, sur le plan de la sonorité,
               Liszt sait faire sonner spécialement les graves du piano presque en les percutant. Sa
               manière  de  déclamer  une  ligne  mélodique,  une  sorte  de  parlando  ponctué
               d'accords, est très caractéristique. II emprunte souvent à Thalberg sa façon de faire
               chanter le médium du piano, mais lorsque la ligne mélodique arrive dans l'aigu, elle
               se trouve immanquablement transformée en suite d'octaves.
     55        Regardez et écoutez la partition de cette magnifique pièce « Liebestraum » !


















                                 Liszt, Liebestraum (Rêve d’amour) par Daniel Barenboïm
                 Entendez-vous tous ces nouveaux modes d’écriture et de jeux ?
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