Page 3 - L'Empreinte du temps
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La sonnerie du téléphone retentissait dans la chambre depuis près
de deux minutes lorsqu’elle émergea enfin de son premier sommeil.
Il lui fallut toutefois une bonne minute supplémentaire pour parvenir
à ouvrir les paupières et reconnecter l’unité centrale. La connexion
avec son cerveau était encore loin d’être parfaite bien qu’elle
s’emparât, d’un geste presque mécanique, du combiné. Tout en
jetant un œil distrait aux diodes lumineuses rouges du réveille-matin.
0H25 ! Le calcul fut étonnement rapide dans son esprit. Elle avait
dormi moins de quinze minutes ! Sa première tentation fut de
raccrocher illico ce foutu téléphone et de replonger dans les bras de
Morphée à la vitesse de la lumière avant qu’elle ne parvienne in
extremis à se rappeler qu’elle était de permanence depuis le début
de la semaine.
D’un geste las elle approcha l’écouteur de son oreille en se jurant
d’être grossière si son interlocuteur l’avait dérangée durant son
sommeil pour de simples broutilles qui auraient pu attendre le début
de la matinée.
- Clarice, Clarice ! Insista la voix.
- Oui, se décida-t-elle enfin à répondre d’une voix volontairement
désagréable.
- Oh du calme ma douce. On se regroupe et on écoute gentiment ce
que j’ai à te dire.
Elle la reconnaissait entre toutes. C’était la voix du Brigadier
LORENTZ, celui qui se qualifiait lui-même de « vieux de la vieille »,
pour rappeler sans doute sa longue expérience du métier. Le seul qui
tutoyait tout le monde, commissaire y compris, en sachant que nulle
remontrance ou sanction ne pouvait avoir d’effet sur un homme qui
serait à la retraite dans moins de six mois.
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