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La Chaloupe - décembre 2017
           Gâvres,  où  il  baptisa,  entre  autres,  14  enfants  le  12   Cette  dernière  avait  témoigné  à  plusieurs  reprises,
           mars 1798.                                           comme sa soeur Marie et son frère Pierre, et sa grand-
              Selon des actes de mariage ou de baptême, on note   mère, Suzanne Le Dantec, qui paraît avec eux 8 fois.
           que des groupes de témoins sont si localisés que l’on   En  1798  et  1799,  Olivier  Le  Roux  figure  9  fois
                                                                comme  témoin.  Lui  aussi  a  sans  doute  abrité  Julien
                                                                mais aucune trace de son habitation ne figure sur les
                                                                actes.
                                                                   D’autres témoins se retrouvent fréquemment mais
                                                                groupés avec des personnes si diverses que l’on peut
                                                                penser  qu’ils  jouissaient  de  la  confiance  de  Julien  et
                                                                lui servaient d’aides ou d’intermédiaires.
                                                                   Mais le nom qui revient très souvent, est celui de
                                                                Catherine  Le  Magadur.  Il  apparaît  pour  la  première
                                                                fois le 8 janvier 1797 dans un mariage célébré à Ker-
                                                                sabiec. Son nom figurera 65 fois. Il apparaît que cette
                                                                femme était attachée au service de Julien Le Formal et
                                                                le  suivait  dans  ses  déplacements.  En  tous  cas,  per-
                                                                sonne n’était mieux au courant de ses lieux de retraite.
                                                                C’est sans doute ce dévouement qui lui a mérité d’être
                                                                inscrite en tête de la Confrérie du Rosaire. Catherine
                                                                mourut en 1833, à l’âge de 76 ans.
                                                                   Le 12 février 1794, Monsieur Le Barh, avec l’auto-
                                                                risation  de  son  recteur,  procédait  à  un  mariage  et  le
                                                                même jour Julien Le Formal procédait à un autre ma-
                                                                riage  dont  le  témoin  n’était  autre  que  M.  Le  Barh.
                                                                Sans  doute  se  rencontraient-ils  ainsi  de  temps  en
                                                                temps.

                                                                   Julien  baptisa  en  cachette  le  célèbre  Alexis-
                                                                François  Rio  (le  20  mai  1797),  auteur  de  «Histoire
                                                                d’un collège breton» sous la deuxième Chouannerie.

                                                                La traque continue
                                                                   La  présence  des  prêtres  réfractaires  à  Riantec  ne
                                                                pouvait donc rester complètement secrète et les révo-
                                                                lutionnaires de la région ne manquaient pas de les dé-
            [ ] Rapporte, Citoyen, m’ayant convaincu qu’il est   noncer et de les traquer.
            rentré  dans  le  Département  une  foule  de  Prêtres
            déportés,  je  ne  me  permetrai  pas  déviter  si  le  cy   Le 24 mars 1794 (4 germinal an II), le Président du
            avant Recteur de Riantec que nous sousonnons de     Tribunal  Criminel  du  département  écrivait  à  l’agent
            setre tenu caché dans sa paroisse peut être reçu à   national  du  district  d’Hennebont  pour  lui  signaler  la
            faire sa soumission aux loix de son paÿs, car son   présence  de    «  scélérats  réfractaires  qui  portent  le
            semblable qui s’étaient retirés en Espagne préten-  trouble et la révolte dans les campagnes » de Riantec,
            draient aussi n’être pas restés dans la République   Kervignac  et  Merlevenez.  Ces  4  scélérats  n’étaient
            et moyennant cette soumission ils rentreraient dans   autres que Julien Le Formal, recteur de Riantec, ses 2
            toute  la  droiture  de  citoyen  français  qu’il  ont   vicaires  MM.  Le  Barh  et  Le  Marrec  et  le  vicaire  de
            l’ordre  sans  retour.  Je  vais  donc  prescrire  les   Merlevenez M. Guillemot.
            ordres  du  Ministre  et  La  Police  de  cette  intéres-  Les renseignements sont précis : ils proviennent sûre-
            sante question et vous la feré conoître.
                                                                ment des comités de surveillance de Port-Liberté (Port-
                                                                Louis) et de Lorient :
                                                                   «Le ci-devant Recteur de Riantec, taille 5 pieds, 2
           peut croire que Julien séjournait parmi eux. Tel est le   pouces (soit environ 1 m 57), visage long, yeux roux,
           cas  de  la  famille  Portanguen  de  Branroch,  Perrine   nez long et maigre, cheveux noirs, front petit, visage
           Cado, femme Portanguen, ses frères Jean et Michel, sa
                                                                pâle, est toujours vêtu en boulanger».
           fille Jeanne, figurent dans une série de 6 actes datés
                                                                   Son vicaire Le Barh, est plus grand de 2 pouces, il
           des mois de juin, octobre et novembre 1796.
                                                                a  la  figure  ronde  et  pleine,  de  gros  yeux  louchant
              Selon la tradition, Julien se cachait souvent à Ker-  beaucoup et un gros nez rouge. Il porte la barbe. Mon-
           sabiec. La ferme, habitée par la famille Brejac-Le Ca-  sieur  Le  Marrec  circule  habillé  en  pêcheur  avec  des
           dic  dont  la  plupart  des  membres  sont  cités  dans  les
                                                                guêtres de couleur de drap capucin.
           actes des derniers mois de 1796 et au début de 1797.
           Ainsi, Julienne Le Cadic est nommée 11 fois (la der-    Soucieux de mettre fin aux agissements des réfrac-
           nière le 24 février 1800 pour le mariage de sa fille).   taires,  le  comité  de  surveillance  de  Lorient  offre  les



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