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La Chaloupe - décembre 2017
           services du citoyen Caïnec qui connaît bien les indivi-  a  Locmiquelic,  chez  les  personnes  qui  aident  les
           dus en question. Sous prétexte de chercher du bois, ce   prêtres.  on  se  flatte  que  les  mesures  seront  mieux
           bon  sans-culotte  parcourra  les  communes  de  Riantec,   prises cette fois que lors de l’affaire de Quiberon.
           Kervignac  et  Merlevenez,  où  les  mouchards  ne  man-
                                                               On me promet Citoyen Commandant d’autres rensei-
           quaient pas.
                                                               gnemens  que  je  m’empresserai  de  vous  transmettre
              Quelques jours plus tard, le citoyen Bigon écrivait   afin d’aviser aux moyens de maintenir la tranquilité
           à  l’agent  national  d’Hennebont  pour  lui  indiquer  un
                                                               publique et déjouer les projets de nos hommes.
           moyen infaillible de prendre M. Le Barh. Au temps de
           Pâques, affirmait-il, le curé réfractaire se retire habi-
           tuellement  chez  Pierre  Le  Fur  du  Distro  ou  chez  Le
                                                               Salut et Fraternité - Signé Gourdin
           Gléour, agent national de Riantec, deux êtres mal no-
           tés par les patriotes de la commune.
                                                                   Comme  Julien  se  bornait  à  exercer  son  ministère
           Surveillance
                                                                sans  chercher  à  exciter  ses  paroissiens,  les  autorités
              Mais, le prêtre de Riantec et ses deux vicaires, sont   républicaines  lui  témoignaient  une  certaine  indul-
           protégés par la fidèle population de Riantec, et échap-  gence, bien qu’ils le décrivaient, dans un état daté de
           pèrent à toutes les poursuites et perquisitions. Même   l’an V, comme « très grand fanatique et forcené mais
           en pleine Terreur, la municipalité leur sera favorable.   point méchant ».
           Le  comité  de  surveillance  de  Port-Louis  déclarait  la   On  allait  cependant  vers  un  apaisement,  quand  le
           municipalité  de  Riantec  «toute  composée  d’aristo-  coup d’état du 18 fructidor (4 septembre 1797) ranima
           crates». Au dire de plusieurs sans-culotte, elle n’aurait   de  nouveau  la  persécution.  Malheureusement  pour
           même pas prêté le serment d’être fidèle à la loi et à la
                                                                eux, les prêtres de Riantec et des environs connaîtront
           nation et méritait d’être changée.
                                                                un ennemi acharné en la personne de Gourdin, le com-
              Par ailleurs, deux prêtres de Port-Liberté : Corentin   missaire du Directoire exécutif. Il a avoué une haine à
           Bedel  et  Gabriel  Mauger,  restèrent  pendant  toute  la   mort au Recteur de Plouhinec et il n’aura de cesse de
           Terreur en relation avec Julien qui continuait donc à   les poursuivre pour les arrêter et obtenir leur condam-
           marier et baptiser en cachette les Port-Louisiens et les   nation.
                                                                   Il n’ignore pas la présence d’autres prêtres réfrac-
           Riantécois.
              Et il n’a pas chômé notre Julien. Durant sa clandes-  taires et pour intimider les paysans, il fait publier les
           tinité, il a quand même procéder à 25 baptêmes dont la   lois qui punissent les proscrits et leurs recéleurs.
                                                                   « Il est temps, disait-il, que le sol de la République
           majorité étaient regroupés par souci de sécurité.
                                                                soit purgé de ce reste impur de vils ennemis qui, aban-
            Port-Liberté,  30  Prairial  lan  6  de  la  République   donnés et méprisés de toutes parts, ne peuvent man-
                                                                quer de tomber bientôt sous le glaive de la justice na-
            Française une et indivisible
                                                                tionale ».
            au Commissaire Mauvieux, commandant de la Place
                                                                   Stimulé par le commissaire départemental Le Mal-
            Citoyen, une personne qui parait bien instruite et sur   liaud,  il  relance  la  police  et  compte  sur  l’activité  et
            laquelle  je  vais  pouvoir  alors  compter,  me  donne   l’intelligence du Brigadier Le Mettre, commandant la
            dans  l’instant  l’avais  faisant  que  je  m’empresse  de   gendarmerie de Lorient qui, grâce à une « mouche » a
            vous  transmettre  afin  que  vous  puissiez  en  conférer   réussi à arrêté le curé de Plouhinec.
            avec  le  Général  de  l’arrondissement  et  prendre  de
                                                                   «  Je  m’attends  à  chaque  instant,  écrit-il  le  7  dé-
            concert les mesures que la circonstance exige.
                                                                cembre 1797, à voir arriver son confrère de Riantec,
            Il  se  trouve  de  grands  mouvemens  dans  les  cam-  auquel je fais donner la chasse et que je désire bien
            pargnes,  on  y  a  introduit  deux  charetées  de  fusils   voir s’éloigner de ces cantons où sa présence ne peut
            pour  armer  les  chefs  de  party  ;  les  prêtres,  c’est  a   qu’entretenir la division, quoique je le croie bien éloi-
            dire le Recteur de Riantec et son curé, donc, le pre-  gné d’avoir la même façon de penser que le curé de
            mier  au  Village  de  Nezenel  et  le  second  a  celui  de   Plouhinec et qu’en général il ne passe pas pour avoir
            Locmiquelic ou ils demeurent habituellement, dit-on,   prêcher le meurtre et la révolte. »
            le curé chez les blanchisseuses qui demeurent au haut
                                                                   Au printemps suivant, Gourdin est de nouveau in-
            du  village  en  allan  au  Grand  chemin  d’Hennebont.   quiet. Un mouvement insurrectionnel se dessine dans
            Avec le curé, ou un déserteur, qui est lhomme qu’on   les  campagnes  et,  naturellement,  il  incrimine  les
            met en avance et quon fait agir ou à faire avertir les
                                                                prêtres réfractaires qu’il accuse d’agir par l’entremise
            jeunes gens d’aller se faire enregistrer d’icy à la St   d’un déserteur. De nouveaux renseignements lui par-
            Jean pour favoriser une descente qui doit avoir lieu
                                                                viennent sur leurs lieux de séjour :
            sur nos côtes vers cette époque, et ce sous peine de
            mort pour les contrevenans. Les Prêtres refusent de    « Le recteur de Riantec et son curé sont, le premier
            marier les jeunes gens qui se présentent à eux, sous   au village de Nézenel et le second à celui de Locmi-
            prétexte qu’on en aura besoin avant qu’il soit long-  quélic où ils demeurent habituellement : le curé chez
            tems. Les offices se font dit-on après ouvertement a   les blanchisseuses qui demeurent au haut du village en
                                                                allant au grand chemin d’Hennebont..... Les offices se
            Nezenel  et




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