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La Chaloupe - décembre 2017






                                          Quelques aperçus



                                        de PLOUHARNEL


                                                      e                      e
                               aux XVII  et XVIII  siècles




                                                 (1600-1800)




                                                            (2)






                                                                la pêche à pied et ils devaient assez sérieusement en
           LE MONDE PAYSAN                                      profiter, puisque dans les années 1750/1770, certaines
              Les  PLOUHARNELAIS  vivent,  à  l'époque,  pres-  autorités  administratives  en  sont  venues  à  critiquer  la
           qu'essentiellement  de  la  terre  :  vraisemblablement   « rapacité des paysans » dans la baie... Tout juste pou-
                             e                                  vaient-ils disposer d'un « penty» ou bout de maison, de
           95% au début du 17  siècle, et, sans doute encore plus
                                            e
           de 85% dans la seconde moitié du 18  siècle, le monde   construction sommaire. Combien étaient-ils ? Difficile
           des marchands, des artisans, des Employés des Fermes   de donner un chiffre. Henri SÉE, dans ses travaux sur
                                                                                                  e
           (Fermes  du  Roy  et  Tabac),  surtout  celui  des  marins   Les classes rurales en Bretagne du 16 siècle à la Ré-
           s'étant sérieusement accru, encore que tous ceux-ci ou,   volution, comme Jean Le TALLEC dans sa Vie pay-
           au moins, la plupart d'entre eux, continuaient à cultiver   sanne  en  Bretagne  centrale  sous  l'Ancien  Ré-
                                                                gime,  donnent des chiffres approximatifs, allant de 25
           au minimum un petit potager, sinon quelques lopins .
                                                                à 50 % selon les secteurs. Je pense, pour ma part, qu'à
              Il s'agit d'un monde très diversifié qui va de celui   Plouharnel, l’on était plus près d'une fourchette de 25
           qui ne possède pratiquement rien en propre au paysan   à 30 %. Il faudrait pour cela disposer des rôles d’im-
           relativement  aisé  :  toute  une  gradation,  bien  que  le   position de l'époque (N.B. : c'était à peu près la pro-
           mode de vie demeure quasiment identique pour tous.                             e
                                                                portion des pauvres déjà au I5  siècle).
           Et,  tous  évidemment,  pratiquent  essentiellement  le
                                                                   -  Les  VALETS,  DOMESTIQUES  et  SER-
           BRETON, le VANNETAIS.
                                                                VANTES que l'on trouvait chez les « seigneurs », les
              1) Ceux qui ne possèdent rien en propre :
              - Les JOURNALIERS sont les « prolétaires » du
           monde rural, ne possédant, ni terre ni outils, peut-être
           quelques poules et parfois une tête de bétail. Heureu-
           sement pour eux, comme pour tous les petits paysans
           pauvres,  qu’existent  les  communs  de  village  (bois  et
           prés) où ils peuvent quérir leur bois de chauffage et,
           éventuellement,  faire  paître  leur  maigre  bétail
           (communs que bourgeois et riches paysans voudraient
           bien  pouvoir  s'approprier  et  se  partager,  ce  qu'ils  ne
           pourront manifestement obtenir avant les années 1820-
           1830). On ne sait pratiquement rien d'eux, car généra-
           lement  dispensés  d'impôts  et  classés  parmi  les  plus
           pauvres.  S'il  y  avait  de  bonnes  périodes  (notamment
           fenaisons  et  moissons)  pour  lesquelles  l'on  avait  be-
           soin  de  leurs  bras  (d'où  leur  nom  de  brassiers),  il  y
           avait aussi des années maigres - malheureusement as-
           sez  nombreuses  -  où  il  ne  leur  restait  guère  que  la
           mendicité...  Heureusement  qu'à  Plouharnel,  comme
           pour tous ceux de la baie et de la presqu'île, il y avait
                                                                              Olivier Perrin - La coupe des foins

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