Page 57 - le barrage de la gileppe
P. 57
57
Les piétons traversent ces déversoirs par des passerelles. Les voitures les
traversent à gué. La vue des deux déversoirs quand ils fonctionnent offre un grand
intérêt Ce sont deux superbes cascades de 25 mètres de largeur qui se précipitent
d’une hauteur de 45 mètres, hauteur de la colonne du Congrès à Bruxelles.
LE REMPLISSAGE DU LAC.
Nous avons assisté au remplissage naturel du bassin un jour du mois de juin, alors que nous
avions eu un orage et que le bassin était presque vide. L’eau affluait de tous les plis de terrain
avec une rapidité et une abondance extraordinaires telles que le niveau de l’eau s’élevait
sensiblement. Nous avons constaté une élévation de 50 centimètres sur un espace d’une heure.
Ce spectacle est curieux.
LE SUINTEMENT
Malgré les énormes proportions du barrage qui doivent rassurer les esprits les plus pessimistes,
des craintes se sont élevées sur sa solidité quand les eaux ont été retenues. Malgré son épaisseur
de 66 mètres, cette muraille laisse passer l’eau ! Un suintement très prononcé se remarquait sur la
longueur du côté aval du mur depuis le pied de la muraille jusqu’à 12 mètres en-dessous du
niveau des eaux à l’amont.
En avril 1877 nous avons constaté nous mêmes, à l’appareil de jauge, qui se trouve au pied du
barrage, que le suintement donnait un litre par seconde, ce qui représente 86,400 litres par jour.
Ce suintement était prévu par l’auteur du projet, M. Bidaut, et il supposait même que l’eau
s’échapperait en plus grande quantité. Il disait que les barrages parfaits ne peuvent pas exister. Il
paraît qu’en Algérie des barrages perdent tellement d’eau, qu’ils semblent être traversés par des
conduites.
Pour mesurer la quantité traversant les porosités de ce mur gigantesque, on a établi le long du
barrage une petite rigole en ciment, elle reçoit les eaux qui s’échappent goutte à goutte et elle les
amène à un point unique où elles sont mesurées plusieurs fois par jour par le garde barragiste.