Page 59 - le barrage de la gileppe
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             La Gileppe chantait son refrain clair dans le val romantique qui s’ouvre au sortir
             des Fagnes, à travers l’antique forêt où l’on chassait encore le loup il y a un bon
             siècle. Elle coulait dans des gorges sauvages hérissées de rochers volcaniques.
             Jules Feller (Toponymie de la commune de Jalhay) nous apprend que son nom

             fut mentionné, dès 915, dans un diplôme de donation de la « foresta » ou droit de

             chasse, à l'église de Liège : « usque ad Veseram et Geislam piam ». « Geislam
             piam » : la pieuse Gisèle ! Le scribe qui transcrivit cet acte a commis une

             confusion de noms, estime J. Feller. Geilapam », aurait dû être la traduction latine
             normale. « Geilapia » correspondrait à une forme populaire : « Gélache .»


               On trouve de nombreuses variantes de ce nom de Gileppe parmi les actes anciens
            cités par l’auteur de la Toponymie de Jalhay : Gilett, Gilette, Gilephe, Gilept, Gilep,
            Gilepe, etc. Quant à sa signification, le même historien et philologue lui donne celle d’«

            eau stagnante » (origine de quelques noms de lieux Verviétois — Bulletin de la S.V.A.H.,

            1913), ce qui serait assez admissible, ajoute-t-il, puisqu’il s’agit de ruisselets embourbés
            dans les fagnes.

                 La Gileppe prend, on le sait, sa source en Haute-Fagne, non loin de la croix Mockel,
            et cette source porte erronément le nom de ruisseau de Drossart, jusqu’à ce qu’elle

            reçoive deux autres rus venant du Waronneux supérieur et, un peu plus bas, le ruisselet

            de « Plèce-èt-Trô ». La Gileppe forme ensuite la limite entre les communes de Jalhay et

            de Membach (et autrefois entre les territoires de Limbourg et de Franchimont). D’une
            part, l’ancienne forêt des ducs, de l’autre les terres du Marquisat ; sur sa rive droite,

            l’Hertogenwald ; à sa gauche, les fagnes Esset et Lambotte, le Môfat et le bois de

            Gilmister.


               Des ruisseaux viennent gonfler ses eaux. Sur la rive gauche : le Louba (à la

            naissance du lac), le ruisseau noir (lu neûr ru) descendant de Hoboster, le ru d’Arbrépine


            , le Gelonru (Djélonru) qui traverse les prés Jadot, le Cœur- de-Marie (il dessine
            vaguement un cœur, entre les baies du Liemtri et du Gelonru — son nom doit être
            postérieur à la création du bassin et lui aurait été donné par des pêcheurs, selon un
            ancien barragiste que nous avons consulté), le limtri, et enfin un ruisselet que cet ancien

            fonctionnaire, M Kaquet, nous a désigné sous le nom de « Fond du Barril » ou «petite

            Borchêne».
               Sur la rive droite : les ruisseaux du Trou Malbrouck, du Grand Lys, du Petit Lys et du
            Frétis.






























               1 Liemtri 2 Gélonru 3 Noir Ru 4 Louba Gileppe 5 Massapré 6 Soor 7 trou malbrouck
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