Page 60 - MOBILITES MAGAZINE n°55
P. 60

Opérateurs & réseaux
 La dernière, noire, et la peinture, ce sera au printemps, il fait trop froid maintenant ». L’entrée et la sortie de la voie réservée seront matérialisées par des damiers, de même qu’au passage devant une aire de repos. Des panneaux com- plèteront.
Le nec plus ultra
de la voie réservée
Quand elle entrera en service, fin 2022, une ligne de car régionale en provenance de Saint-Philbert- de-Grand-Lieu, qui perd entre 10 et 20 minutes selon les matins dans les bouchons devrait en re- gagner entre 7 et 10. « Mais le pre- mier objectif est de fiabiliser son temps de parcours », précise Katell Kerdudo. La Région augmentera alors ses fréquences de passage. Cette voie accueillera-t-elle aussi du covoiturage ? Pas sûr ! L’hypo- thèse sera étudiée plus tard. Certes, la ville comme la Région dévelop- pent le covoiturage. Toutes deux subventionnent les conducteurs, toutes deux sont en contrat avec des opérateurs spécialisés, Klaxit pour la première, Karos pour la se- conde. « Une voie réservée, c’est fondamental pour nous, plaide Joa- chim Renaudin, responsable d’études chez Karos qui revendique 6000 inscrits à Nantes. Mais, on le voit en Ile-de-France, même si on n’en peut plus, même si tout le monde sait qu’il faut faire quelque chose, certains, surtout les asso- ciations d’automobilistes, ne voient dans ces voies réservées qu’une source de désordre de plus ».
« Le covoiturage fait consensus, à droite comme à gauche, mais les voies dédiées sont un sujet bien plus sensible politiquement », confirme Julien Honnart, PDG de Klaxit, qui a vu de nombreux projets abandonnés, ces derniers mois. Dans les textes, les voies dédiées au covoiturage apparaissent comme un nec plus ultra de l’al-
ternative à l’automobile en solo, ouvertes aussi aux taxis, aux trans- ports publics, aux véhicules à faibles émissions de gaz à effet de serre. Comme au Sud, c’est le projet de Nantes à une autre sortie, à l’Est. Trois kilomètres entre un rond- point et un échangeur en direction d’Angers, actuellement occupés par une voie dans chaque sens. L’idée est d’éliminer le terre-plein central pour en aménager une troi- sième et disposer en définitive de deux dans le sens de la sortie dont celle de droite réservée au covoi- turage. Par ce couloir, la sortie pren- drait au moins 1 minute de moins.
Doctrine technique
de l’Etat encore à fixer
Mais l’affaire « coince » encore techniquement du côté de l’Etat. Pas de problème du côté des voies dédiées aux seuls transports en commun (VRTC). Elles disposent de leurs schémas de réalisation. Mais cela ne remonte qu’à 2017. Les emblématiques essais de 2007 sur la bande d’arrêt d’urgence de l’A 48 autour de Grenoble avaient fonctionné. Mais ils s’étaient révélés trop coûteux : trop de signalisations lumineuses, trop d’appareils de contrôles !
Une formulation simplifiée en 2017 de la VRTC a déclenché une vague de réalisations, entre Aix et Mar- seille, à Strasbourg, à Lyon. Prin- cipales bénéficiaires, les lignes de car Express vers la périphérie des villes. « En revanche, en matière de covoiturage, si la doctrine existe pour des routes de 2 x 3 voies, dans les autres cas, on travaille encore », confirme Katell Kerdudo. Le Cerema (Centre d'études et d’expertise sur les risques, l’envi- ronnement, la mobilité et l’amé- nagement) a édité une première fiche l’an dernier. Trois scénarios sont proposés. Un seul envisage une voie de covoiturage à droite. « A droite, cela complique le croi-
sement avec des voies de sorties, elles aussi à droite, et de la même façon la traversée des échangeurs. Donc, on évite », explique Bruno Levilly, responsable du des sys- tèmes de transports intelligents, des trafics et de régulation au Ce- rema. Pour Nantes Métropole, Ber- trand Affilé, est donc décidé à écrire à Jean-Baptiste Djebarri, mi- nistre des Transports.
Autant de temps gagné
que perdu
Au moins, à Nantes, dans les deux cas, le couloir réservé s’ajoute aux voies existantes. De quoi éviter l’hostilité des automobilistes qui, sinon, auraient vu leur largeur de chaussée réduite. Et auraient perdu davantage de temps dans les em- bouteillages. « Le principe même du couloir réservé est de hâter la sortie de ceux qui l’empruntent, explique Bruno Levilly. Bien sûr, c’est au détriment des autres. C’est pourquoi, il faut bien concevoir l’ouvrage avec précaution, évaluer la configuration du trafic déjà exis-
60 - MOBILITÉS MAGAZINE 55 - JANVIER 2022
  


















































































   58   59   60   61   62