Page 48 - MOBILITES MAGAZINE N°52
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 Technologies & innovations
    TRANSITION / Electrique
Batteries, de l’avenir difficile du
L’avenir sera électrique, surtout dans les transports. L’affaire semble en tous cas entendue pour la plupart des décideurs, des responsables locaux et aux plus hauts sommets de l’administration européenne. Mathématiquement, la production de batteries qui découlera de cette évolution devrait connaitre une augmentation exponentielle. Question : qu’en faire après usage ?
 Premier point qui ne doit ja- mais être oublié, la fabri- cation d'une batterie pour
véhicule électrique (dite lithium- ion pour l’essentiel) est énergivore et génère des pollutions. Les bat- teries sont en effet composées de métaux rares (cobalt, nickel, man- ganèse et, bien entendu, lithium) dont l’extraction nécessite beau- coup d'énergie, dans des pays où l'électricité est le plus souvent pro- duite à partir d'énergies fossiles. Sur place, ces activités peuvent également provoquer d’impor- tantes pollutions des sols ou des cours d'eau. Les plus caustiques des observateurs pourraient ainsi pointer le paradoxe d’une transi- tion « électrique » qui consiste donc pour l’instant à rejeter la charge polluante de cette dernière aux marges de pays qui veulent se présenter comme vertueux. Autre point problématique, si le pétrole n’a clairement plus la côte, les réserves le concernant appa- raissent à ce jour encore bien plus importantes que celles des mé- taux rares précédemment évo- qués. Les réserves de cobalt (1) no- tamment, mais aussi celles de nickel (2), ne lassent pas d’inquiéter quelques spécialistes du secteur. Certains prédisent d’ores et déjà une pénurie d’ici une petite cin-
quantaine d’années, et on a vu ces derniers temps le prix de leurs cours s’envoler parfois vers des sommets... Une analyse qui doit toutefois être relativisée aux vues des évolutions technologiques en cours dans l’univers de la batterie. En effet, les nouvelles générations de cellules produites utilisent par exemple bien moins de cobalt (en- viron 10 %, contre 30 % pour les premières générations), quand cer- tains fabricants, principalement en Chine, adoptent pour leur part des technologies de batteries lithium- ion dont le cobalt est absent : les LFP, LMP ou LMO. Même si celles- ci sont cependant considérées comme moins performantes en termes de densité d’énergie ou de durée de vie... Un autre point in- quiétant, qui sort toutefois de notre cadre, concerne l’instabilité poli-
tique de certains pays producteurs de ces métaux rares, et les jeux géopolitiques qui se multiplient au- tour de ces ressources.
Recyclage, alpha et omega de la transition ?
Une situation tendue donc, et qui ne devrait pas s’améliorer dans les années à venir si l’on en croit Serge Pélissier, chercheur sur le stockage d’énergie à l’Université Gustave Eiffel, qui constate que « la quan- tité de batteries lithium-ion fabri- quée a été multipliée par 80 entre 2000 et 2018 ( 3) ». L’universitaire rappelle aussi que l’Agence inter- national de l’énergie estime pour sa part que le besoin en batteries sera multiplié par 17 entre 2019 et 2030... Pour mémoire, rappelons que les batteries dites « de trac- tion », celles qui nous intéressent
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