Page 12 - Mobilités Magazine Thématique n°12
P. 12

   LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE POUR LES AUTOCARS
 Pas de surprise. Le parc du transport interurbain de voyageurs est essentiellement composé de véhicules Diesel. « 99,4% des autocars sont actuellement en motorisation Diesel, car il n’existe pratiquement pas d’offre alternative », rappelle Ingrid Mareschal, déléguée générale de la Fédération Nationale des Transports de Voyageurs (FNTV). Sur les 69 050 autocars du parc français (au 01/01/2020, source : SDES Rsvero), seuls 320 autocars disposaient d’une motorisation alternative (250 GNV et 70 électriques), et 62% des autocars étaient aux normes Euro 5 ou 6. Le renouvellement a beau être rapide (4 500 à 5 000 autocars annuels), l’offre de véhicules al- ternatifs est famélique. « Sur 50 modèles d’autocars couvrant toutes les activités (scolaire, lignes régulières, tourisme), on ne compte que 4 modèles GNV (500 à 600 km d’autonomie), 2 modèles électriques asiatiques de type scolaire (autonomie : 150 à 200 km) et aucune offre d’autocar hydrogène », souligne Ingrid Mareschal. Cette dernière regrette l’absence de recon- naissance des carburants alternatifs (type B100, HVO, GTL) et des motorisations hybrides dans les critères de mise en place des ZFE, notamment les vignettes Crit’Air. « L’interdiction du Diesel à Paris en 2024 empêchera d’acheminer des touristes des aéroports aux hôtels », remarque-t- elle.
L’électrique pour la courte distance, oui mais...
L’usage de l’autocar influe sur le mode de motorisation. Les véhicules affectés aux courtes distances ont nécessairement besoin de moins d’autonomie et pourraient donc passer pour partie à l’électrique. Mais compte tenu de la nature de l’activité, le kilométrage annuel est faible, ce qui induit un renouvellement du parc plus lent. Une adéquation difficile à mettre en œuvre avec des contrats courts proposés par les collectivités, puisque l’acquisition d’un véhicule électrique ne pourra se rentabiliser par rapport à son équivalent thermique que dans sa toute fin de vie. « L’investissement des entreprises est corrélé au prix supporté par le donneur d’ordre, en particulier public. Par conséquent, l’investissement dans des véhicules à technologie alternative nécessite des durées de marchés publics plus longues pour les transports conventionnés. Les contrats publics actuels des AOM ont encore tendance à privilégier les marchés courts et les prix bas », regrette Ingrid Mareschal. Face à la faiblesse d’offres de cars électriques, « il est essentiel que les constructeurs offrent aux transporteurs de vraies alternatives rapidement et à grande échelle. La FNTV demande à l’Etat d’organiser un comité de filière, afin de mettre en place un contrat d’objectifs avec les constructeurs et énergéticiens dans le contrat de transition énergétique, tout en insistant sur le renforcement des aides à la création de stations dans les entreprises », ajoute-t-elle. Pour l’Ademe, il sera également intéressant de regarder ce qui est en train de se développer avec le retrofit. « Le verrou a sauté en France en avril 2020, alors que le retrofit est autorisé depuis des années en Allemagne ou en Espagne. L’Ademe a mis en places deux projets sur le sujet, afin e démontrer l’intérêt de cette solution et rassurer les collectivités avec l’idée que des industriels puissent prendre le relais pour une mise à l’échelle », indique Denis Benita, responsable Véhicules lourds de l’Ademe. Un kit de transformation est estimé à environ 250 000 € pour convertir un car Diesel en car électrique ou hydrogène, « soit la moitié d’un véhicule neuf », avance-t-il.
Le GNV et, plus tard, l’hydrogène pour la longue distance
A l’inverse, les services longue distance sont renouvelés plus fréquemment en raison d’un plus grand kilométrage annuel. « Toutefois, le besoin d’autonomie est beaucoup plus important et peut difficilement être compatible avec les motorisations électriques actuelles », insiste encore Ingrid Mareschal, en pointant l’absence de modèle proposés et de stations de ravitaillement. Dès lors, plutôt que de s’enferrer avec un modèle électrique inadéquat à court terme, le gaz apparaît comme une solution temporaire sur la longue distance, « en attendant une offre hydrogène pour la filière autocars à des coûts non-prohibitifs ». Un point de vue partagé par l’Ademe. « Les cars peuvent accéder aux stations de gaz publiques, ce qui n’est pas le cas des bus qui sont obligés de transformer leurs dépôts et de les mettre aux normes, il existe une offre gaz conséquente », indique Denis Benita, responsable Véhicules lourds de l’Ademe. Ce dernier rappelle que pour la période de transition, de 4 à 5 ans, il existe aussi les carburants comme le HVO ou le B100. « il est important de favoriser le mix-énergétique et de ne pas privilégier une technologique par rapport à une autre compte tenu de leurs maturités respectives », complète Ingrid Mareschal qui demande le maintien du suramortissement « le plus longtemps possible ».
GH
 12 - MOBILITÉS MAGAZINE THÉMATIQUE - DÉCEMBRE 2021
la transition énergétique des flottes de bus, la loi pour la crois- sance verte aura un impact sur le renouvellement d’environ 2000 autobus et 1100 autocars par an. « Ces chiffres reposent sur des données issues d'enquêtes auprès des services de transports col- lectifs urbains », indique Thomas Zuelgaray, Chef du bureau du ver- dissement des véhicules et de l'immatriculation à la DGEC.
Le rythme de renouvellement re- pose sur environ 2000 autobus par an. On estime nécessaire un renouvellement moyen de 400 bus par an pour la RATP, composé à 50/50 de véhicules électriques et de GNV. La même estimation porte sur 450 bus pour les villes de plus de 250 000 habitants, avec une répartition d’un tiers de GNV, 1/3 d’électrique et 1/3 d’élec- trique-hybride, et 1100 pour les autres zones avec une grande majorité d’Euro VI, puisque dans ces zones ces véhicules sont comptabilisés comme véhicules à faibles émissions. Il en est de même pour les autocars.
Le rythme du renouvellement des autocars, estimé à 1100 véhicules par an, repose là encore quasi ex- clusivement sur le diesel, prédo- minant à plus de 94%. La grande majorité de ces véhicules circulant en interurbains, les véhicules Euro VI sont également comptabilisés comme véhicules à faibles émis- sions.
Le coût de la transition
Le surcoût de la transition éner- gétique, établi sur la base du coût total d'utilisation (TCO), prend donc en compte l’ensemble des frais inhérents (acquisition, en- tretien, source d’énergie, équipe- ments,..), est établi à environ 33 M€ (base 2017).
« Ce surcoût, calculé sur une base 2017, est à comparer avec un bud- get global de renouvellement de
 




















































































   10   11   12   13   14