Page 16 - MOBILITES MAGAZINE N°50
P. 16

Politiques & institutions
 à Rochefort (1913), gare construite comme celle voisine de La Ro- chelle (1909-1922) par l’architecte
(7) toulousain Pierre Esquié . Un
vaste bâtiment régionaliste nor- mand dans la ligne du mouvement anglais « Arts & Crafts » à Deau- ville-Trouville (1931), une œuvre de Jean Philippot (gendre de Raoul Dautry, patron du réseau de l’État) qui a également signé les gares de Vanves-Malakoff et de Pointe Noire (Congo), tandis que le mo- dèle de Deauville a très fortement inspiré la gare vietnamienne de Dalat. Les parements de pierres et de briques style Louis XIII sont très en vogue pour les gares durant le Second empire et encore durant bien des années après(8), comme on le voit à Lexos (1858) et à Royat-Chamalières (1881).
Alors qu’on trouve à Dinan (1931) un manoir breton tout de béton avec une géométrique tour d’hor- loge et d’intéressantes fresques Art déco dans le hall. Mais il y a aussi un chalet de bois néo-pyré- néen à Cauterets (1898) et une grande demeure néo-bourbonnaise à Néris-les-Bains (1931). Cette gare aujourd’hui fermée est l’œuvre de
Louis Brachet, qui est aussi bien l’auteur durant les années 1930 de la gare de Capdenac en néo- roman quercynois que des gares très modernistes édifiées lors de l’électrification de l’ancienne « ligne de Sceaux », partie sud de l’actuel RER-B. Et dans cette énumération quasi-touristique il ne faut pas ou- blier le décor foisonnant de la gare du Sud à Nice qui associe céra- miques colorées et terracotta sur une structure générale qualifiée pourtant de « rationnelle ». Ouverte en 1892, elle est aujourd’hui trans- formée en galerie commerciale. Ce passé ferroviaire peut être lié à des fonctionnalités aujourd’hui disparues comme dans le cas de l’ancienne gare transatlantique de Cherbourg (1933) qui reste un té- moignage des grands terminaux terrestres et ferroviaires de pa- quebots durant les années de l’en- tre-deux-guerres. Ou dans celui de la gare de Bobigny (1929) sur la Grande Ceinture Complémentaire aujourd’hui fermée au trafic de voyageurs. Une gare au style Art Déco minimaliste et dont les ins- tallations marchandises d’origine inutilisées sont restées en l’état.
  EN SUS DU CLASSEMENT NATIONAL, UN « LABEL » FRANCILIEN
En 2017, Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Île- de-France a annoncé la création d’un « label patrimoine d’intérêt régional » destiné à protéger des bâtiments et des sites franci- liens jugés remarquables mais non classés Monuments Histo- riques. Un classement qui donne accès à des aides régionales pour la restauration ( jusqu’à 30 % du montant des projets) mais également pour la création d’aménagements destinés à faciliter l’ouverture au public ( jusqu’à 20 % des coûts).
Fermes, villas, cités - jardins, moulins, usines, ateliers... et gares figurent dans les 142 bâtiments et sites qui sont labellisés au- jourd’hui. Parmi les 21 gares qui figurent dans cette liste (près de 8,5 % des gares de la région) toutes les époques et tous les styles se trouvent représentés. Depuis la classique gare de Ver- sailles Rive-Droite (1839-1852) jusqu’à la très contemporaine gare de Saint-Denis-Stade de France (1998), et l’autre gare de Saint-Denis typiquement « Nord » (1848-1860). En passant par la gare de Nogent-sur-Marne construite en forme de chalet et qui est l’un des derniers vestiges - avec la gare de Paris-Reuilly
- de la ligne de la Bastille (1859), mais aussi par deux des ty- piques gares en « caillasse de Montmorency » ornées de briques émaillées de la Ligne des Grésillons au nord de Paris (Saint- Ouen, Épinay-sur-Seine). On retrouve aussi sur cette liste aussi bien les gares modernistes des années 1930 de Chaville-Vélizy, de Puteaux, de Sèvres-Rive-Gauche, de Vaires-Torcy et de Vanves-Malakoff que la curieuse gare-pagode de Javel (1900) construite par Juste Lisch et celle de Villennes-sur-Seine (1911) avec son hall vitré. S’ajoutent également les gares de style dit « éclectique » de Meudon-Val Fleury (1898) et de Boulainvilliers (1900) et celle de Pont-Cardinet (1922), l’un des premiers bâti- ments ferroviaires « tout-béton » créé par Julien Polti, archi-
*
tecte-conseil du réseau de l’État . Sans oublier la gare néo-ré-
gionaliste de Saint-Leu-la-Forêt (1926) œuvre du prolifique Gustave Umbdenstock...
* C’est également l’auteur des curieuses gares « néo-bigoudènes » de la ligne Châteaulin-Camaret (1923).
 16 - MOBILITÉS MAGAZINE 50 - JUILLET/AOÛT 2021
   



















































































   14   15   16   17   18