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Politiques & institutions
Une chose est certaine, les véhicules à moteur diesel ne peuvent pas tous être remplacés du jour au lendemain par de nouvelles alternatives. Dans les transports urbains, les motorisations gaz ou électriques ont le vent en poupe, mais les parcs nécessitent une période d’amortissement relativement longue.
r remplacer le gasoil traditionnel ?
production entre l’utilisation du colza français et la production des carburants de synthèse.
Les biocarburants,
pas si nouveaux que ça Contrairement à une idée reçue, les biocarburants sont loin d’être une nouveauté. Au contraire, il re- monte à l’origine de l’automobile et du moteur. L’inventeur du moteur à combustion interne, Nikaulos Otto, l’avait développé pour le faire fonctionner à l’éthanol dès 1876. La célèbre Ford T fonctionnait éga- lement avec de l’éthanol. Quant à l’inventeur du moteur diesel, Rudolf Diesel, il faisait fonctionner sa mo- torisation avec un carburant dérivé de l’huile d’arachide en 1897.
Le pétrole, nécessitant des moyens conséquents pour être extrait du sol, bien que plus facile à mettre
en œuvre à l'époque qu’aujourd’hui, n’a envahi le marché mondial qu’au milieu du siècle dernier. Il faudra deux chocs pétroliers, au cours des années 70, pour que les bio- carburants reviennent sur le devant de la scène. Cependant, l’intérêt pour ces anciens carburants re- tombe peu après avec le retour au pétrole en masse jusqu’à ce que l’on se pose vraiment la ques- tion du stock de pétrole encore disponible dans le sol de la planète ainsi que de l’impact de la pollution, au début de notre siècle.
Le gasoil, fortement décrié depuis pour ses émissions d’oxydes d’azo- tes (NOx) et de particules fines, se voit peu à peu modifié, le taux de soufre étant sensiblement at- ténué. Le taux de soufre passe à 50 ppm dès le 1er janvier 2005 puis à 10 ppm en janvier 2009, confor-
mément à une directive euro- péenne datant de 1998. Cepen- dant, cela engendre un manque de lubrification des moteurs de type diesel. Pour le combler, les pétroliers ont recours à l’ajout d’additifs et en particulier à l’apport d’huiles végétales, à hauteur de 6 à 7 % à l’heure actuelle pour celui délivré en station-service, d’où son appellation B7.
Le recours à l’huile végétale pour produire un diesel plus propre, au niveau européen et mondial, re- quiert l’utilisation d’huile de palme en grande quantité. La consom- mation de cette huile pour la pro- duction du carburant utilisé sur le territoire national représente 76 % de la consommation d’huile de palme en France. Au niveau euro- péen, en 2015, cela a représenté 3,35 millions de tonnes. La part
MOBILITÉS MAGAZINE 50 - JUILLET/AOÛT 2021 - 33