Page 14 - MOBILITES MAGAZINE N°48

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Exploitation/Expérience
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L’hydrogène doit s’intégrer à un pro
: Quel retour portez-vous sur l’exploitation
de vos premiers bus à hydrogène ?
Fabrice Sirop : Le démarrage n’a pas été un long fleuve tranquille. Nous avons essuyé les plâtres avec le matériel roulant car, comme nous étions précurseurs, les bus Safra que nous avons reçus étaient encore à l’état de prototype. Nous avons donc énormément travaillé avec ce constructeur, avec beau- coup d’itérations, ce qui fait que nous avions parfois l’impression d’être co-constructeurs ! Le service commercial a démarré au début du mois de novembre 2019, après 5 mois de tests. Les bus ont subi beaucoup de petites pannes mi- neures, qui ne concernaient pas le système hydrogène mais portaient essentiellement sur des problèmes de communication entre le bus et la pile. Des soucis mineurs du genre d’un défaut de moteur d’essuie- glaces qui mettait les bus en sé- curité par mesure de précaution. Ensuite, l’ensemble des mesures correctives mis en place au fur et à mesure, sur les bus livrés, est venu allonger quelque peu les
délais de livraison des suivants. Mais aujourd’hui on peut dire que les bus roulent correctement la plupart du temps, nous en avons cinq en exploitation et le dernier, initialement destiné à la réserve, roule beaucoup pour poursuivre le processus de fiabilisation. Le dé- veloppement de la station d’élec- trolyse et son exploitation s’est pour sa part déroulé sans difficulté majeure.
: Le bilan est donc positif ?
FS : Aujourd’hui ça marche. La crise sanitaire a malheureusement réduit la fréquentation du réseau. Malgré tout, la ligne Bulle 6 reste l’une des plus fréquentées, car elle des- sert un bassin de population pour lequel les transports en commun restent bien souvent le seul moyen de déplacement. Ensuite, Safra an- nonce 330 à 380 km d’autonomie. Dans les faits, certains bus ont déjà été poussés au-delà des 500 km, là où notre besoin journalier est d’environ 200 km. Nous sommes donc très satisfaits de l’autonomie des véhicules. Enfin, ce sont les années à venir qui nous
éclaireront sur la cohérence du modèle hydrogène par rapport à la période d’amortissement prévue. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur cet aspect.
: Qu’en est-il de la consommation et
de l’autonomie ?
FS : Même s’il faut rester prudent compte tenu d’un recul d’exploita- tion somme toute encore faible (16 mois), la consommation en hy- drogène s’avère inférieure aux pré- visions. Cela présente un avantage en termes d’exploitation. Si 15 mi- nutes sont nécessaires pour faire un plein d’hydrogène complet (30 kg), aujourd’hui 7 à 8 minutes sont suffisantes pour faire l’appoint chaque soir. Nous prévoyons l’ex- tension de la ligne actuelle dans l’année qui arrive. Elle va passer de 13 km à 20 km environ, du fait du prolongement jusque Lillers. Trois bus à hydrogène supplémen- taires seront nécessaires à terme. En fonction du délai de livraison de ces véhicules, nous injecterons, si nécessaire, des bus hybrides roulant 100 % au biocarburant (B100).
14 - MOBILITÉS MAGAZINE 48 - MAI 2021
Le réseau de transport TADAO, développé par le SMT Artois-Gohelle peut se prévaloir aujourd’hui de quelque seize mois d’exploitation d’autobus fonctionnant
à l’hydrogène. Retour d’expérience avec Fabrice Sirop, directeur général des services du Syndicat mixte des transports Artois- Gohelle (SMTAG).