Page 47 - MOBILITES MAGAZINE N°57
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     INTERVIEW / LIONEL POISSON responsable du dpt BTP au CESI de Nanterre
     plus de retard sur le chantier
la construction de ce nouveau ré- seau.
La technologie a un peu évolué au fil des ans, notamment avec des creusements avec des tunne- liers. Je rappelle que lors de la construction de la traversée sous la Seine de la ligne 4 dans les an- nées 1900, il a fallu geler le sol pour pouvoir construire le tunnel. Pour cela, une usine à froid a été construite, afin d’y figer le sol, et d’y déposer des tunnels autopor- teurs. Néanmoins, la comparaison reste encore pertinente aujourd’hui. Les premières difficultés rencon- trées l’ont été pour des raisons qu’on peut qualifier de « politi- ciennes ». En effet, une vision op- timiste du projet a été présentée afin d’en pouvoir franchir certaines phases critiques. Lorsque celles-ci l’ont été et que le projet a atteint un point de non-retour, on com- mence à expliquer que certains aspects ont été minimisés ... Ajou- tons également que certains projets peuvent être inclus dans le GPE comme l’extension d’EOLE à l’ouest ou le CDG Express, associés aux travaux des Jeux Olympiques de 2024. Une des conditions d’attri- bution était l’avantage évident de Paris sur Los Angeles, le dernier candidat en lice, et notamment sur les transports grâce au GPE. La volonté de réaliser le projet a donc été confirmée et les enve- loppes budgétaires ont été mises à jour ainsi que les délais.
Un autre aspect doit également être pris en compte, à savoir la bataille politique au début du projet. En effet, initialement, le projet ne comptait que 32 gares. Un accord a été signé entre la Ville de Paris,
la région et l’État pour qu’au final, il y ait 68 gares. Chaque ville a souhaité avoir sa gare et a fait pression pour qu’elle en obtienne une. Cependant, des études avaient déjà été entamées et il a fallu tout recommencer. En effet, si une gare était prévue à un endroit précis mais qu’au final, elle se situait à un autre, cela impliquait de reprendre toutes les études déjà réalisées...
Le BIM*
consiste à
construire
l’objet de manière virtuelle en y ajoutant tous les détails possibles, y compris avec les mouvements à bord.
* Building Information Model/Modeling/Management
d’eau à Porte de Clichy. Il a donc fallu interrompre le chantier, reculer le tunnelier et contourner la zone concernée et tout redémarrer. Ce- pendant, cette situation a été un cas de force majeur.
Tant que l’on n’a pas fini, on ne peut pas garantir qu’il n’y aura plus de retard, du fait de la com- plexité géologique. Néanmoins, le CDG Express ne se fera pas pour les JO, puisque cela a été décidé par les autorités. La raison officielle, qui est tout à fait valable, est que l’on ne veut pas que les usagers des lignes de RER B et D souffrent au quotidien, du fait des travaux qui imposent une modification du trafic importante.
: N’a-t-on pas mis en place un calendrier trop
ambitieux pour respecter les dates programmées des JO ? LP : Le Grand Paris Express a été décidé avant les JO. Ils ont accéléré et ont servi de bras de levier pour que le GPE soit financé et imposé. Des contraintes sur le GPE sont donc apparues, notamment la sec- tion à proximité des sites olym- piques, du centre des journalistes, pour que les travaux des gares soient priorisés. N’oublions pas que deux projets d’importance sont conçus en parallèle, et que ce sont d’énormes projets d’urba- nisme, puisque l’intégralité des équipements sera réutilisée.
Des retards inhérents sur les études
de sol sont apparus. L’exemple de
la ligne 14 que j’évoquais précé- demment nous rappelle que le sous-sol parisien est complexe et nécessite des coûts, un budget et
une gestion précise. Lorsqu’on réa- u
      QVuedu tunnelier Virginie ayant creusé l’extension d’Eole à l’ouest, en partie payé par la Société du Grand Paris.
Ce qui entraine alors une explosion des coûts et des retards. Je pense que l’on aura encore un petit peu de retard, ne serait-ce qu’à cause de la pandémie et des confine- ments, qui ont désorganisé les flux d’approvisionnements des chantiers. N’oublions pas la géo- logie du bassin parisien qui est complexe et peut réserver de mau- vaises surprises. Par exemple sur le prolongement de la ligne 14 à Mairie-de-Saint-Ouen, les son- dages n’avaient pas repéré la poche
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MOBILITÉS MAGAZINE 57 - MARS 2022 - 47






































































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