Page 12 - MOBILITES MAGAZINE N°44
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 Politiques & institutions
tives sont-elles performantes face à l’automobile en terme de parts de marché modales ?
Succès populaire aux nombreuses zones d’ombre Plusieurs signaux poussent à la prudence. Ainsi l’échec, très coûteux pour les collectivités, d’Autolib’ en Ile-de-France. Prudentes, les métro- poles de Lyon ou Bordeaux n’ont accordé à BlueSolutions, l’opérateur des voitures Bolloré en libre-service, qu’une occupation du domaine pu- blic - moyennant redevance -, se gardant bien d’intervenir sur l’ex- ploitation du système, ou d’investir dans la société Bluely. La prolifé- ration de trottinettes inquiète par ailleurs le Fonds de Garantie des Assurances Obligatoires. Lequel a publié un communiqué en juin 2019 rappelant les obligations d’assu- rances liées à l’usage de tout engin
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terrestre à moteur . Le FGA ayant
constaté, suite à plusieurs de- mandes d’indemnisations de vic- times corporelles, que certains opé- rateurs de location de trottinettes en libre-service étaient purement et simplement dépourvus d’assu- rance en responsabilité civile ! Le déploiement, jugé anarchique, de Lime sur la métropole de Lyon a amené la collectivité à réglementer l’occupation du domaine public par ces engins. Elle a ainsi accordé le marché à deux opérateurs seule- ment: Dott et TIER.
Cette politique des opérateurs de trottinettes est expliquée par An- toine Pestour dans son Mémoire
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de septembre 2019 . La règle-
mentation du code de la Route n’a pris en compte que très tardive- ment (décret du 23 octobre 2019) l’usage des trottinettes, qu’elles soient « à pied » ou électriques. Ajoutons-y l’incivisme de leurs uti- lisateurs, qui rend le partage de la voirie, que ce soit sur les chaussées, ou sur les trottoirs, toujours plus complexe. Phénomène aggravé
par la prolifération d’opérateurs (Paris en a compté en août 2019 jusqu’à 9). Multiplication expliquée par Antoine Pestour : « (...) dans le cas de la trottinette électrique, on se rend compte que presque la moitié des personnes se décide à l’utiliser seulement après en avoir vu une dans la rue. C’est un pour- centage important. Ce résultat vient en quelque sorte conforter la stra- tégie de certains opérateurs, qui viennent littéralement inonder les rues de trottinettes. Ainsi, plus il y a de trottinettes dans la ville, plus elles ont de chance d’être vues, donc de susciter l’envie, et donc d’être utilisées ».
Trottinette vs automobile, un faux débat ?
L’impact sur les parts modales de ces nouvelles mobilités reste éga- lement délicat à mesurer : il est tributaire de la grille d’évaluation des EMD (ou Enquêtes Ménages Déplacements). Or celles-ci sont bâties sur des formats et protocoles très stricts. La prise en compte de ces nouveaux usages est d’autant plus difficile. Antoine Pestour ali- mente ainsi quelques doutes en terme de report modal : « Si le ser- vice des trottinettes électriques en libre-service n’existait pas, 43 %
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