Page 64 - MOBILITES MAGAZINE N°62
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 Ferroviaire / POLITIQUE
 Les 4 grands défis de l’ouverture à la concurrence des lignes TER
 L’ouverture à la concurrence des lignes ferroviaires régionales fait parler d’elle depuis bien longtemps. À tel point que le grand public est en droit de se demander pourquoi elle n’est pas plus avancée.
 En réalité, il s’agit d’un processus très long qui n’est pas sans ses obstacles. Que ce soit la question sociale, les compétences dans les Régions pour mener les appels d’offres, la maintenance de l’in- frastructure ferroviaire et du matériel roulant ou encore l’épineuse question de la billettique, les obstacles ne manquent pas. Tour d’horizon des grands défis à re- lever.
Une ouverture certaine mais progressive
Sondages après sondages, les Français confirment leur soutien à l’ouverture à la concurrence des lignes TER. Dès 2014 , Transdev avait commandé à Ipsos une en- quête dont les conclusions étaient claires : 70% des sondés considéraient comme une bonne chose l’arrivée d’opérateurs autres que la SNCF sur le marché du trans- port ferroviaire régional. Mais près de 10 ans plus tard, les choses ne semblent pas avoir beaucoup changées. Tout le monde
a appris, en septembre 2021, qu’une pre- mière ligne régionale avait été emportée par Transdev dans la Région Sud. Les usa- gers sont en droit de se demander ce qui prend autant de temps. Mobilités Magazine s’est entretenu avec de nombreux acteurs du secteur, opérateurs, élus, syndicats ou associations pour mieux comprendre les difficultés qui demeurent.
Franck Tuffereau, délégué Général de l’As- sociation Française du Rail (AFRA) depuis 6 ans nous le confirme en ces termes : « Cette transition n’est pas facile. On dit que ça commence, mais en réalité on en parle depuis plus de 10 ans. La réglemen- tation européenne le permet depuis long- temps et la France est une des dernières à le faire. Avec l’AFRA on est intervenu sur beaucoup de sujets qui sont autant de verrous qui gênent l’ouverture à la concurrence. Je pense au social, à l’in- frastructure, au matériel roulant etc. » En effet, lorsque le Parlement a définiti- vement adopté la réforme de la SNCF en
juin 2018 , les discussions étaient surtout focalisées sur la question sociale et en particulier le statut des cheminots nou- vellement embauchés. Pourtant, cette ré- forme entérinait par la même occasion la directive adoptée fin 2016 par l’Union Eu- ropéenne. En effet, les régions doivent ouvrir à la concurrence leur lignes ferro- viaires d’ici fin 2023 à moins qu’elles dé- cident de renouveler des conventions avec la SNCF avant le 25 décembre 2023 et pour une durée allant jusqu’à dix ans. Pour les nouveaux arrivants, sociétés fran- çaises ou étrangères, il ne s’agit pas sim- plement de prendre la place de l’opérateur historique, mais de se positionner sur une croissance du ferroviaire dont tout le monde peut bénéficier, à commencer par les usagers. Thierry Mallet, directeur gé- néral de Transdev nous confie : « L'ouver- ture à la concurrence doit être progressive et nous sommes là pour être une réelle alternative à l'opérateur historique. En France, ce dernier a vocation à devenir comme la DB en Allemagne qui aujourd’hui exploite plus de trains et fait plus de trains/kilomètres depuis l’ouverture à la
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