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LA MAIN CACHEE « À moins d’un miracle, nous aurons perdu la quasi-totalité de nos Shirer (Le troisième Reich : des origines à la chute) :
soldats d’élite d’ici les prochains jours », écrivit le Général Edmund
Le Général Franz Halder, qui était le chef d’état-major
Ironside, chef de l’état-major général de l’Empire Britannique.
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d’Hitler, écrivit : « Le mythe de l’invincibilité de l’Armée
En Angleterre, Winston Churchill qui venait d’être nommé
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Allemande avait volé en éclats. Viendrait un autre été où
premier ministre ne se montrait pas optimiste. Il prévint la
l’Allemagne remporterait des victoires en Russie, mais les
Chambre des Communes qu’ils devaient s’attendre à « de dures et
difficiles nouvelles ».
décembre 1941 représente une autre date charnière dans la
courte histoire du troisième Reich. À ce moment-là, le
Cependant, « le cœur d’un roi est dans la Main de Hachem » Allemands avaient définitivement perdu leur aura. Le 6
(Michlé 21:1). Précisément lorsque la situation semblait pouvoir d’Hitler avait atteint son zénith. Dès lors, il allait
complètement désespérée, le Créateur du Ciel et de la Terre fit décliner, miné par les ripostes de plus en plus vives des
naître une pensée dans l’esprit du seul homme qui pouvait alors nations contre lesquelles il avait déclaré une guerre sans
bouleverser les plans nazis. Cet homme était Adolf Hitler. merci. »
Le conflit allait encore durer trois ans et demi, mais déjà, le 7
décembre 1941, la balance avait imperceptiblement cessé de
· Le miracle pencher en faveur des nazis, et ces derniers ne regagneraient jamais
plus leur supériorité.
Le 24 mai, Hitler donna soudain l’ordre de mettre un terme à cet
assaut implacable. Cette directive était pour ainsi dire inexplicable. II. Le géant assoupi
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Différentes raisons furent données pour justifier la décision du
Führer. Certains historiens ont émis l’hypothèse qu’il souhaitait À quelques milliers de kilomètres de là, sous les cieux cléments
accorder à son ami Hermann Goering, le chef de la Luftwaffe d’Hawaï, Fuchida, le chef de l’escadrille japonaise était retourné
tranquillement à son porte-avions, et attendait que le commandant
(l’armée de l’air de l’Allemagne nazie), « l’honneur » d’achever les de la flotte, le Vice-Amiral Chuichi Nagumo, lui donne le signal
troupes assiégées. Toujours est-il que, quelle que soit l’idée qui ait pour renouveler l’offensive. En effet, les chantiers navals et les
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traversé l’esprit d’Hitler, cette décision mémorable sauva la vie des citernes de carburant de Pearl Harbor étaient encore entièrement
troupes Alliées et s’avéra être l’un des tournants décisifs de la intacts. Quant aux porte-avions américains qui constituaient la
guerre. cible principale de la mission, ils n’avaient pas encore été touchés ni
Dès le 22 mai, les préparatifs furent mis en place pour même découverts.
« l’Opération Dynamo », consistant à évacuer les 200 000 soldats Fuchida attendit longtemps un ordre qui ne vint jamais. La
britanniques et les 160 000 soldats français postés sur les plages de décision que prit Nagumo de retourner à Tokyo sans porter aux Le jour d’infamie
Dunkerque. Non armés pour la plupart d’entre eux, car ayant été Américains le coup fatal reste incompréhensible pour les historiens.
forcés d’abandonner tout leur équipement et leur artillerie lourde, Cependant, le géant américain avait été renversé et avait lui
ces soldats étaient impuissants face à une situation qu’ils jugeaient
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